Archives pour l'étiquette theatre

ET MOI ET LE SILENCE

Nous et ce silence…

Depuis Soudain l’été dernier de Tennessee Williams, créé en 2009, la compagnie RL (René Loyon) n’avait pas monté d’auteur américain. Ou plutôt si, un peu en quelque sorte, par l’intermédiaire du festival Traduire/Transmettre proposé depuis plusieurs années au Théâtre de l’Atalante et avec lequel la compagnie RL est activement associée. Le but de cet événement : mettre à l’honneur la traduction et les traducteurs d’oeuvres théâtrales classiques méconnues ou contemporaines et s’interroger sur les problématiques de la traduction théâtrale. En 2016, ce sont les Etats-Unis qui étaient en exergue et parmi les textes choisis, celui de Naomi Wallace, Et moi et le silence, mis en lecture grâce à la brillante traduction de Dominique Hollier. Six ans se sont écoulés, durant lesquels le metteur en scène René Loyon et sa compagnie ont gardé en tête l’idée d’en faire un jour un spectacle. Les aléas dus au Covid ont repoussé la date initiale de création mais c’est désormais chose faite, la pièce a enfin pu être créée en ce début de mois au Théâtre de l’Épée de Bois. Continuer la lecture de ET MOI ET LE SILENCE

KIDS

ENFANTS DE LA GUERRE.

Cela se passe pendant la guerre Serbo-Croate dans les années 90 à Sarajevo. Huit enfants, orphelins, tentent de survivre dans la ville en ruine. Organisant leur petite communauté, ils recréent une salle de classe dans laquelle ils continuent d’apprendre et concoctent un spectacle de rue, objet de tous leurs espoirs d’être sauvés. Continuer la lecture de KIDS

BERLIN 33

Le crépuscule de l’humanité…

Il est des spectacles qui vous prennent profondément aux tripes non seulement parce que le sujet qu’ils abordent évoque une période sombre de l’Histoire mais aussi parce que ce sujet même nous est raconté de la plus belle des manières. Berlin 33 est de ceux-là. Adapté du livre-témoignage Histoire d’un Allemand 1914-1933 de Sebastian Haffner, c’est René Loyon, l’acteur, qui défend seul sur scène ce texte magnifique en privilégiant la seconde partie, celle de l’avénement du IIIème Reich, du printemps à l’hiver 33…
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PSY CAUSE(S) LUI

« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » 

Cette citation de Nietzsche répétée à maintes reprises dans le spectacle pourrait être le leitmotiv de la saga Psy Cause(s) que nous propose l’autrice er actrice Josiane Pinson depuis plusieurs années. La psy ou le psy sont-ils ceux qui nous aident à un tel accouchement et n’ont-ils pas eux aussi leur propre chaos à apprivoiser ? Après avoir brillamment et élégamment délivré elle-même sur scène les turpitudes et les méandres de la psyché féminine dans Psy Cause(s) 1, 2 et 3, Josiane Pinson s’intéresse à l’autre sexe. Et elle confie à l’acteur Alexis Victor le soin de mettre en chair les situations et les personnages qu’elle invoque dans le lieu sacré de toutes les confidences, de toutes les névroses et de tous les tabous : le cabinet d’un psy !  Continuer la lecture de PSY CAUSE(S) LUI

UNDERGROUND

Le Coeur. Point névralgique.

Le métro… Un trajet… Un voyage… Qui d’entre nous ne sait jamais posé mille questions sur son existence, sur ses amours contrariés, le temps d’un trajet de métro. Qui n’a pas fait défiler sa vie, qui n’a pas sonder les tréfonds de son âme, les turpitudes de son coeur, de son for intérieur en oubliant presque parfois de descendre à la bonne station. Une femme sans âge apparent, belle, droite, port de reine, est assise sur ce siège de métro ; elle a le temps du trajet, une petite heure, pour se dévoiler devant nous. Va-t-elle oser briser la glace ? Celle de son air un tantinet guindé, celle d’une apparence quelque peu froide qui semble garder secret un mystère, une chose inavouée… Continuer la lecture de UNDERGROUND

50 ANS… MA NOUVELLE ADOLESCENCE !

Cherchez la femme…

Avoir 50 ans et apprendre que votre mari vous quitte pour une jeune femme qui a l’âge de votre fils, voilà de quoi vous anéantir pour le restant de vos jours ! C’est bien la nouvelle qu’apprend Fanny le personnage que campe, seule sur scène, la comédienne Martine Fontaine qu’on a pu voir au cinéma dirigée par Bernard Jeanjean, Clément Michel ou encore Maïwenn. Mais le restant de ces jours c’est beaucoup ! Alors Fanny va passer par toutes les étapes des plus douloureuses aux plus enivrantes pour tenter de se reconstruire, se chercher et peut-être se retrouver… Continuer la lecture de 50 ANS… MA NOUVELLE ADOLESCENCE !

L’ÎLE D’OR

Les possibilités d’une île

Depuis les derniers spectacles du Soleil, il s’en est passé des choses… Un certain événement qu’il est inutile de citer est venu bouleverser l’ordre des choses, a paralysé la culture, notre soif de culture et nous a privé bien malgré nous d’une immense partie de nos libertés. Et comme Il semble continuer sournoisement sa terrible trajectoire ; il était alors temps de se rendre au Soleil même la nuit pour découvrir la nouvelle création du Théâtre du Soleil et de sa directrice Ariane Mnouchkine, L’île d’or

il y a 5 ans, nous avions laissé Cornélia dans une chambre… en Inde ! La « fictionnelle » directrice de troupe française nous avait ouvert la porte de sa chambre pour laisser entrer le théâtre, tous les théâtres et l’espoir, tous les espoirs. Et bien revoilà Cornelia dans une chambre, qui cette fois-ci semble se situer au Japon, sur l’Île d’or… Mais est-elle réellement au Japon ? Est-elle malade ? Est-elle confinée ? Peu nous importe puisque du haut de son lit à roulettes, elle va nous y emmener, au Japon, grâce à son imagination et à ses projections. Une ombre noire au chapeau pointu s’incarne à ses côtés. Tiens, cette silhouette, qu’on voit aussi sur l’affiche du spectacle soulevant Cornelia, semble présager que, comme dans l’inoubliable Tambours sur la digue (s’inspirant déjà de la tradition japonaise), les acteurs seront portés et manipulés tels des marionnettes de Bunraku par ces susdites formes noires, les manipulateurs. Continuer la lecture de L’ÎLE D’OR

OLYMPE ET MOI

Homme, es-tu capable de…

Florence est actrice ou plutôt doublure d’actrices célèbres; elle vient partager sur la scène son admiration pour la première grande féministe révolutionnaire de l’histoire : Olympe de Gouges. Florence peut avoir quelques oublis mais elle n’oublie pas ce qu’elle est, sa condition, sa condition de femme. Elle invoque la figure d’Olympe de Gouges, autrice de La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (ah vous ne le saviez pas qu’il y en avait une ?), une figure libre et engagée de la révolution française, guillotinée, qui parlait déjà au 18ème siècle de divorce, d’abolition de l’esclavage, d’»ISF». Florence convoque Olympe pour provoquer le public, non sans humour, le réveiller, l’alerter sur les progrès immenses qu’il y a encore à faire pour l’égalité homme-femme. Continuer la lecture de OLYMPE ET MOI

EMMANUELLE BAYAMACK-TAM À L’ ABORDAGE DE L’ AMOUR

OÙ EST MON CHANDAIL ISLANDAIS ?

Ivre ou survivre…

Knutte est à la veille de l’enterrement de son père ; Knutte a pour meilleure alliée, la gnôle ; Knutte se sent disséqué, jugé par sa famille, trahi par sa femme qui l’a trompé ; Knutte est seul. C’est cette solitude face à la cruauté d’un monde que l’auteur suédois Stig Dagerman dépeint avec justesse et lucidité dans cette nouvelle. Où est mon chandail islandais est écrite dans la période la plus foisonnante de son oeuvre, vers la  fin des années 40, alors qu’il est un auteur emblématique de son pays et quelques petites années avant qu’il ne se suicide à l’âge de 31 ans. C’est de ce personnage désespéré, de ce pauvre hère esseulé qui n’a que l’alcool pour consolation que la Nouvelle Compagnie, dirigée par Eram Sobhani, s’empare sur les planches du Théâtre de Belleville… Continuer la lecture de OÙ EST MON CHANDAIL ISLANDAIS ?