Olympe et Moi (14) (c) Philippe Delacroix

OLYMPE ET MOI

Homme, es-tu capable de…

Florence est actrice ou plutôt doublure d’actrices célèbres; elle vient partager sur la scène son admiration pour la première grande féministe révolutionnaire de l’histoire : Olympe de Gouges. Florence peut avoir quelques oublis mais elle n’oublie pas ce qu’elle est, sa condition, sa condition de femme. Elle invoque la figure d’Olympe de Gouges, autrice de La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (ah vous ne le saviez pas qu’il y en avait une ?), une figure libre et engagée de la révolution française, guillotinée, qui parlait déjà au 18ème siècle de divorce, d’abolition de l’esclavage, d’»ISF». Florence convoque Olympe pour provoquer le public, non sans humour, le réveiller, l’alerter sur les progrès immenses qu’il y a encore à faire pour l’égalité homme-femme.

Attendez, stop, revenons en arrière, j’ai mis « vous ne le saviez pas qu’il y en avait une ? » entre parenthèses. Je m’excuse platement car Florence et Olympe ne m’auraient pas laissé écrire ça sur cette déclaration aussi importante qu’occultée par l’Histoire; tout comme elles s’offusqueraient du fameux « tous (et toutes) » où le féminin est emprisonné par des parenthèses  rondes et accueillantes, certes, mais qui sont finalement des prisons linguistiques, des aberrations du langage… Comme lorsque le masculin l’emporte sur le féminin alors que le nombre de femmes est supérieur à celui des hommes, dans une salle de spectacle par exemple… 

Florence se sent piquée par tout ça mais surtout par le mépris plus profond que le dictat patriarcal inflige aux femmes. Elle semble nous dire, à Olympe et nous, que les temps ne changent pas, pas tant que ça ou si lentement : que les lois rédigées par des hommes ont exclu les femmes du droit de vote durant près d’un siècle, leur ont octroyé un compte bancaire personnel si tardivement ou encore ont inventé un droit de vote posthume au mari que la femme doit respecter et exécuter alors qu’elle-même ne peux pas voter ! (Ah attendez cette loi n’est pas passée, ouf, fermez la parenthèse pour de bon !).

Derrière Olympe, il y a Florence et derrière Florence, il y a Véronique. Véronique Ataly, l’actrice, la vraie, qui s’empare du féminisme avec une grande intelligence, un sens de la démesure et un humour implacable qui brisent le cou dès les premières minutes au didactisme ou à la leçon de morale que les sujets de société peuvent engendrer parfois. On ne décolle pas une seconde des facéties de l’actrice qui occupe la scène de manière musclée, vivante jusqu’au burlesque parfois.    Elle chante aussi pour des moments savoureux et suspendus. En apesanteur sur l’écriture fine et enlevée du metteur en scène Patrick Mons, Véronique Ataly déploie une énergie et une puissance de jeu et de feu qui vous attrapent instantanément et font passer le message. 

On se sent responsabilisés plus que culpabilisés, on rit tout en ayant appris. Appris que le chemin est encore long, fastidieux mais qu’il est bien possible. Véronique Ataly, qu’on a pu voir dans des spectacles engagés sur la violence faite aux femmes, qui s’engage pour l’égalité hommes-femmes dans l’association HF ou encore qui milite au sein du tunnel des 50, à l’AAFA, pour défendre les actrices de plus de 50 ans, oubliées des fictions françaises, trouve ici une tribune, sa tribune, pour expulser tout son être et son combat entre légèreté et prise de conscience.

Quand on sort de ce spectacle, on aimerait que « l’homme-niprésence » comme dit Florence cède enfin la place à une féminisation de la société mais en écrivant mon article, le correcteur de texte me souligne en rouge le mot « autrice »; bref il y a encore du boulot…

« Homme, es-tu capable de…». Ah zut, je ne me souviens plus de la suite… J’ai un trou d’article ! J’arrête là. Si vous voulez connaitre la suite de cette phrase, précipitez-vous vite pour voir « Olympe et moi », un bijou de générosité féministe nécessaire. Quand à moi, je change immédiatement mon correcteur pour une correctrice !

Olympe et moi
De Patrick Mons
Sur une idée originale de Véronique Ataly
Textes : Olympe de Gouges et Patrick Mons
Mise en scène et chansons : Patrick Mons
Avec : Véronique Ataly
jusqu’au 28 novembre 2021
Les vendredi et samedi à 20h30  / Le dimanche à 15h
www.facebook.com/olympeetmoi

Les Rendez-Vous d’Ailleurs
109 rue des Haies – Paris 20ème
Métro : Avron ou Maraîchers
Réservations : 01 40 09 15 57 / www.lesrdvdailleurs.fr

L’AAFA
Actrices Acteurs de France Associés
www.aafa-asso.info

HF île de France
Égalité Femmes Hommes

www.hf-idf.org

Crédit Photo : Philippe Delacroix 

Partager :

FacebookTwitterTumblr


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *