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DU PAIN ET DES JEUX

La reine d’un pays lointain ou imaginaire, lassée des turpitudes de ce monde décide d’organiser des Jeux Olympiques afin qu’une trêve soit décrétée. Et oui,  on a tendance à l’oublier mais, au commencement, les Jeux Olympiques avaient cette particularité que, pendant leur déroulement, les guerres s’arrêtent afin de préserver les athlètes. Devenue un symbole de paix entre les peuples, la trêve Olympique est ce qui donne toute sa valeur aux jeux. Cette reine donc, décide d’organiser des Jeux Olympiques afin de lutter contre un monde en pleine déliquescence. Toute personne y est bienvenue et par conséquent qui d’autre que les spectateurs présents dans la salle pourront le mieux incarner les participants ? Une dizaine de spectateurs est donc sélectionnée via un quizz et va ainsi affronter diverses épreuves. Mais que cache en réalité l’organisation de ces jeux ? Quelles sont les véritables intentions de la reine ? Continuer la lecture de DU PAIN ET DES JEUX

SWEET MAMBO

N’oubliez pas…

Le retour des chorégraphies de l’immense Pina Bausch et du Tanztheater Wuppertal au Théâtre de la Ville est toujours un événement. En l’occurrence il s’agit cette fois-ci du pénultième spectacle créé en 2008 par Pina Bausch et le dernier joué de son vivant. Pour cette reprise, le nom de Boris Charmatz, grand chorégraphe français apparait au générique, à la direction artistique. Rien d’étonnant puisqu’il est depuis 2022 le nouveau directeur de Tanztheater auquel il s’associe avec son collectif Terrain. À lui donc de perpétuer l’héritage de la chorégraphe allemande en faisant coïncider l’ancienne et la nouvelle génération de danseurs. Sweet Mambo intrigue d’autant plus qu’il pourrait apparaitre comme un spectacle-testament. Quelle trace Pina Bausch souhaitait-elle laisser ? Que voulait-elle nous dire encore à travers l’art dont elle est l’incontestable reine, la danse… Continuer la lecture de SWEET MAMBO

S 62° 58’, W 60° 39’

À la dérive ou quand Peeping Tom interroge ses propres démons 

Peeping Tom est une compagnie de danse et de théâtre belge unique en son genre d’abord parce qu’elle fait partie des rares troupes aux sujets universels qui se produit partout dans le globe mais surtout par la singularité de ses créations où les corps se désarticulent dans des prouesses physiques inégalables… Et voilà donc ce nouvel opus qui semble au départ nous raconter une simple histoire, celle d’un navire échoué et de ses occupants coincés dans la glace d’une région aride et soumis aux exigences d’une implacable nature… Seulement voilà, après un petit moment, on comprend vite qu’il s’agit là d’un répétition et que Peeping Tom va nous entrainer dans l’exercice délicat de la mise en abime, dans les méandres même de la création et du questionnement de l’artiste sur sa place dans cet environnement, Le défi est de taille. Quelques grandes noms et grandes troupes s’y sont collés avec plus ou moins de réussite. La plongée dans les eaux glaciales des affres la création est un fil extrêmement délicat sur lequel la troupe a décidé de marcher.
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NOS VIES INACHEVÉES

Il y a «l’autrice en fuite», «le comédien issu du prolétariat et hypocondriaque», «la comédienne néorurale et jeune mère», «le comédien dépressif mais diplômé», «le comédien diplômé mais révolté», «la comédienne qui n’aurait pas dû lire le journal d’Anne Frank à neuf ans mais c’est trop tard», «le comédien-régisseur à la retraite», «la comédienne médium» et «Isabelle, la comédienne absente». Tout ce petit monde constitue la troupe de théâtre que Cendre Chassanne a décidé de passer au crible. Le projet est ambitieux : faire une comédie sociologique sur le milieu professionnel du théâtre, qui soit le reflet de notre société et des questions d’actualité qui la traverse.
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UNE VAMPIRE AU SOLEIL

« J’te bouffe! »

Elle s’avance vers nous, dans la pénombre. Sur sa tête, des oreilles de lapin et, dans la bouche, des dents de vampire de farces et attrapes. Elle revient d’une fête apparemment. Il s’est passé quelque chose. Elle essaie de nous raconter mais son récit est confus. Elle tente de se souvenir, mais quelque chose lui échappe. Une chose est sûre : son adoration pour le soleil et l’impossibilité pour elle de s’y exposer. C’est connu, les vampires ne peuvent vivre que la nuit. La lumière du jour peut  leur être fatale…
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NOS CORPS EMPOISONNÉS

A la Manufacture d’Avignon, se joue encore pour deux représentations un spectacle fort et nécessaire : Nos corps empoisonnés. Marine Bachelot Nguyen qui signe la mise en scène et le texte nous raconte le parcours de Tran To Nga, activiste vietnamienne engagée sa vie durant dans de nombreux combats, notamment féministes, anti-impérialistes et écologiques.

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MARCEL

La vraie vie 

Il y a quelques temps, Christophe Honoré, cinéaste et metteur en scène de théâtre nous livrait un joli bijou Du côté de Germantes avec la troupe de la Comédie Française. Mais on ne peut pas vraiment dire que Marcel Proust soit si régulièrement ou si intensément monté au théâtre que cela. L’ adaptation de ses romans, de son style inimitable, de ses chefs d’oeuvres absolus et intemporels de la littérature française, demandent une profonde réflexion. Car on ne touche pas à Proust impunément… La proposition qui nous est faite dans l’immense Théâtre 13ème Art sort des sentiers battus aussi bien par ses protagonistes que la scénographie qui la compose. Sur scène deux immenses talents vont lire les mots de l’auteur dans ce qu’on pourrait appeler une lecture mise en espace. D’une part l’inégalable Françoise Fabian, actrice mythique, ayant tourné avec Louis Malle, Rohmer, LeLouch, Demy ou encore avec Michel Deville qui vient à peine de nous quitter. À la télévision, on a pu la voir récemment dans l’excellente série Dix pour cent. Et d’autre part, Oxmo Puccino, rappeur et slameur franco-malien qui manie la langue française et le flot comme personne ; on le surnomme le « Black Jacques Brel » pour vous donner un idée de son talent et de son débit percutant. Continuer la lecture de MARCEL

LE DERNIER JOUR DU CONDAMNÉ

La vie st une phrase interrompue

Cet aphorisme de Victor Hugo pourrait presque résumer à lui seul l’un des chefs d’oeuvre d’un des plus grands écrivains du monde, Le dernier jour d’un condamné. Dans ce roman de 1829, nous pénétrons dans une cellule de prison et dans la tête d’un homme qui va nous délivrer chaque page de son journal intime, comme une autobiographie, écrite durant les vingt-quatre dernières heures de son existence. Il raconte ce qu’il a vécu depuis le verdict de son procès jusqu’au moment de son exécution, soit environ cinq semaines de sa vie. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde passée compte et le rapproche de l’inévitable sentence. Juste avant que ne pénètrent prêtre, huissier, geôlier pour l’emmener vers cette interruption de vie… Sans préciser ni l’identité du condamné ni la nature de son crime, le livre évoque les peurs de cet homme qui se retrouve seul devant son destin et parle également de son espoir et de sa famille, de sa fille, sa femme et sa mère… Ce sont ses entrailles qu’il met en lumière, son for intérieur, sa souffrance, son amour de la liberté ou sa crainte de la mort. Victor Hugo en fait un personnage si intense, si fascinant, si aimable, si puissant par sa pensée que son incarnation sur une scène de théâtre demande à l’interprète de se transcender pour donner vie à ses mots…  Continuer la lecture de LE DERNIER JOUR DU CONDAMNÉ

UNE LEGENDE À LA RUE

Le pays fantôme de Sara

Janvier 2013,  le triple assassinat de la rue Lafayette : 3 kurdes, 3 femmes assassinées pour leurs convictions, pour leur combat. Dans un appartement parisien :  2 femmes, Florence Huige, comédienne et metteure en scène et son amie Samia regardent ce drame à la télévision. Parmi les victimes, une femme aux cheveux orange vif, elles la reconnaissent : c’est Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan), de son nom de combattante Sara. Elles l’ont rencontrée 14 mois plus tôt au coin d’une rue, esseulée, fatiguée, intriguée avec sa valise et son sac en plastique remplis de ce qu’il reste de sa vie. Elle leur parle du danger qu’elle court, de ce monde qui vacille, les met en garde… Cette rencontre inhabituelle aurait pu rester dans l’oubli s’il n’y avait pas eu ce terrible assassinat. Alors Florence Huige va enquêter, s’interroger et interroger les autres… Qui est réellement cette femme, quel est ce peuple kurde ? Quelle peut être son histoire ? Quel lien entre cette femme à la rue et cette femme retrouvée morte dans un salon ? Ces questionnements et le fantôme de Sara qui la hantent désormais vont emmener Florence Huige jusque sur un plateau de Théâtre pour partager comme une nécessité absolue la fabuleuse et tragique histoire de cette légende à la rue et tenter de lui « redonner son identité »…

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