Archives pour la catégorie ÉVÉNEMENTS

S 62° 58’, W 60° 39’

À la dérive ou quand Peeping Tom interroge ses propres démons 

Peeping Tom est une compagnie de danse et de théâtre belge unique en son genre d’abord parce qu’elle fait partie des rares troupes aux sujets universels qui se produit partout dans le globe mais surtout par la singularité de ses créations où les corps se désarticulent dans des prouesses physiques inégalables… Et voilà donc ce nouvel opus qui semble au départ nous raconter une simple histoire, celle d’un navire échoué et de ses occupants coincés dans la glace d’une région aride et soumis aux exigences d’une implacable nature… Seulement voilà, après un petit moment, on comprend vite qu’il s’agit là d’un répétition et que Peeping Tom va nous entrainer dans l’exercice délicat de la mise en abime, dans les méandres même de la création et du questionnement de l’artiste sur sa place dans cet environnement, Le défi est de taille. Quelques grandes noms et grandes troupes s’y sont collés avec plus ou moins de réussite. La plongée dans les eaux glaciales des affres la création est un fil extrêmement délicat sur lequel la troupe a décidé de marcher.
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THE ROCKY HORROR SHOW

Don’t dream it…

Si les noms de Frank-N-Furter, Brad et Janet, Riff Raff, Dr Scott ou encore Rocky ne vous disent rien ; si vous n’avez jamais entendu parler du Time Warp alors sachez simplement que vous êtes passés à côté d’un phénomène absolu, d’une des comédies musicales les plus emblématiques de ces cinquante dernières années, unique en son genre et d’une originalité folle, The Rocky Horror Show et de son adaptation culte à l’écran The Rocky Horror Picture Show (avec Tim Curry et Susan Sarandon). Tout commence dans les années 70, un figurant est évincé d’une comédie musicale à Londres et comme il doit continuer à nourrir sa petite famille, il consacre son temps libre à écrire un livret s’inspirant de ses goûts musicaux et de l’atmosphère hippie de l’époque. Il s’appelle Richard O’Brien et malgré des débuts catastrophiques, sa comédie musicale va remporter l’équivalent d’un Molière un an après sa création, en 1973. L’histoire, si tenté qu’il faut parler d’une histoire, c’est le cheminement d’un couple nouvellement marié, Brad et Janet, qui se retrouvent perdus après avoir creuvé un pneu en voiture. Un château étrange est le seul endroit à la ronde pour demander du secours. En franchissant son seuil, ils entrent dans un univers fantasmagorique, horrifique et délicieusement kitsch où le maître du château, un travesti extraterrestre créateur de créatures, va les faire se découvrir à l’intérieur d’eux-mêmes  comme à l’extérieur ! Continuer la lecture de THE ROCKY HORROR SHOW

CABARET DE L’EXIL / FEMMES PERSANES

Je suis moi, je suis femme, je suis monde.

Et voilà le troisième volet des Cabarets de l’exil entamés par Zingaro en 2021. Après s’être consacré à la culture yiddish puis irlandaise, c’est aux femmes persanes que le célèbre théâtre équestre dirigé par le non moins célèbre Bartabas s’intéresse. Et plus précisément ce sont les femmes afghanes, iraniennes, celles qui se battent pour leur liberté, celles qui résistent, qui se révoltent que ce spectacle va invoquer par le prisme d’une culture ancestrale… Zingaro nous propose une plongée dans les racines d’un peuple nomade, le peuple scythe fondé sur le matriarcat et où les folles chevauchées étaient tout autant l’apanage des femmes que des hommes. Parler des femmes d’hier pour montrer le combat de celles d’aujourd’hui, voilà la belle promesse de ce nouvel opus où Zingaro va tenter de  se réinventer…   Continuer la lecture de CABARET DE L’EXIL / FEMMES PERSANES

LE MISANTHROPE


Le siècle où nous sommes… 

Il n’est nullement nécessaire de résumer une fois de plus l’essence d’une des pièces les plus emblématiques de l’auteur le plus célèbre du théâtre français. Plongeons donc immédiatement dans la proposition que la compagnie RL, à travers son metteur en scène René Loyon, nous offre sur le plateau du 100ecs. Il faut dire au préalable que René Loyon n’en est pas à sa première création d’un classique et encore moins à celle d’un Molière ; rappelons même que la compagnie RL fut nommée à la cérémonie des Molières pour son formidable Dom Juan. Et le moins qu’on puisse dire c’est que René Loyon manie comme personne l’art de faire entendre le texte, de faire résonner puissamment le propos. Son Misanthrope ne va pas déroger à la règle. 

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CÉLIA ROSICH dans LA LOI DE MURPHY

Le Coryphée est allé à la rencontre de Célia Rosich, comédienne et réalisatrice, qui interprète avec talent le rôle de Juniper Shepard dans La Loi de Murphy au Théâtre Paris-Villette.

Il est des spectacles qui ne ressemblent à aucun autre. que ce soit par leur parti pris ou par leur atmosphère : La loi de Murphy en fait définitivement partie. Plus qu’un spectacle, c’est une expérience, une aventure théâtrale unique en son genre, à la croisée des chemins. Après Pangolarium, le duo de metteurs en scène et d’auteurs Nicolas Liautard et Magalie Nadaud proposent le second épisode de cette épopée fantastique qui trouve sa principale  inspiration  dans le cinéma, comme celui de David Lynch.

Cet opus se situe 13 ans en arrière où nous suivons un couple Juniper et Alistair ; une écrivaine à succès et un chercheur en génétique. Mais des visions étranges viennent envahir l’esprit de Juniper et vont l’entrainer dans un monde où la frontière entre fiction et réalité semble s’évanouir pour laisser place à de mystérieux phénomènes et à une remise en question totale de leur vie de couple. La loi de Murphy plonge encore davantage dans les méandres d’un univers terrifiant où les laboratoires génétiques deviennent les maitres du monde… Grâce à une mise en scène jouissive et intelligente ; grâce à un incroyable dispositif d’écran géant et à son décor atypique mais surtout grâce au jeu très fin, quasi cinématographique des acteurs, La loi de Murphy nous embarque instantanément dans un voyage fantasmagorique et vertigineux.

Célia Rosich, comédienne de théâtre mais aussi actrice au cinéma comme dans le film d’Eric Judor désormais culte Problemos, en est à sa sixième collaboration avec Nicolas Liautard. Elle incarne ici avec beaucoup de justesse et de profondeur le rôle de Juniper. Elle nous en dit un peu plus sur la genèse de ce spectacle fantastique dans tous les sens du terme. Continuer la lecture de CÉLIA ROSICH dans LA LOI DE MURPHY

MARÉE HAUTE

Alors chacun est reparti dans le tourbillon de la vie…

Deux mondes. Deux identités que tout semble opposer. Deux conceptions de la vie incompatibles. George, une parisienne élégante et lettrée, rencontra dans sa prime jeunesse dans le Morbihan, Gauvin, un marin breton à l’apparence bourru et au parler franc. Cette relation très charnelle à la base était prédestinée à ne pas durer et puis, malgré la distance et leurs vies ailleurs, quelque chose d’inexplicable qu’on pourrait appeler amour va réunir ces deux-là de manière réguiière en l’espace de trente ans. Cette histoire c’est celle de Les vaisseaux du coeur, un roman autobiographioque de Benoîte Groult écrit en 1988. Josiane Pinson, comédienne,, metteuse en scène et autrice qu’on a pu admirer dans les formidables Psycause(s), prend le parti et le pari d’interpréter cette histoire d’union à priori impossible en la faisant fondre dans le corps et l’esprit de George. Elle va alors nous la raconter via le prisme de cette femme libre et courageuse qui traverse le temps et ses émotions comme on traverserait un océan avec ses tempêtes et ces moments de plénitude… Continuer la lecture de MARÉE HAUTE

UNE LEGENDE À LA RUE

Le pays fantôme de Sara

Janvier 2013,  le triple assassinat de la rue Lafayette : 3 kurdes, 3 femmes assassinées pour leurs convictions, pour leur combat. Dans un appartement parisien :  2 femmes, Florence Huige, comédienne et metteure en scène et son amie Samia regardent ce drame à la télévision. Parmi les victimes, une femme aux cheveux orange vif, elles la reconnaissent : c’est Sakine Cansiz, membre fondatrice du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan), de son nom de combattante Sara. Elles l’ont rencontrée 14 mois plus tôt au coin d’une rue, esseulée, fatiguée, intriguée avec sa valise et son sac en plastique remplis de ce qu’il reste de sa vie. Elle leur parle du danger qu’elle court, de ce monde qui vacille, les met en garde… Cette rencontre inhabituelle aurait pu rester dans l’oubli s’il n’y avait pas eu ce terrible assassinat. Alors Florence Huige va enquêter, s’interroger et interroger les autres… Qui est réellement cette femme, quel est ce peuple kurde ? Quelle peut être son histoire ? Quel lien entre cette femme à la rue et cette femme retrouvée morte dans un salon ? Ces questionnements et le fantôme de Sara qui la hantent désormais vont emmener Florence Huige jusque sur un plateau de Théâtre pour partager comme une nécessité absolue la fabuleuse et tragique histoire de cette légende à la rue et tenter de lui « redonner son identité »…

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BLIZZARD

Blizzard vous avez dit blizzard

« L’hiver n’est pas une saison mais un art de vivre ». Voilà ce que déclare le Ministère de froid, de la froidure et du brrrrrr…. L’. atmosphère glaciale dans laquelle va nous plonger la compagnie de cirque nouveau Flip Fabrique est ainsi dessinée. Cette compagnie, figure émergente du cirque contemporain québécois, s’inscrit dans cette longue liste d’artistes circassiens dont le Québec a le secret et sait si bien faire éclore depuis la création du Cirque du Soleil. Après avoir triomphé sur la scène de La Villette, cette jeune troupe continue sa tournée française en passant par la grande et superbe salle de la MAC de Créteil, un écrin rêvé pour un dispositif et une scénographie hors normes…
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MONSTRES / ON NE DANSE PAS POUR RIEN

Monstres est la dernière création du chorégraphe et danseur congolais DeLavallet Bidiefono. Depuis 2005 et après avoir fait ses armes au centre culturel français de Brazzaville, ses spectacles aux danses musclées, vivantes et envoûtantes enchantent les scènes contemporaines à travers la France et le monde. Il collabore avec David Lescot, David Bobée ou encore Dieudonné Niangouna. En 2015, il crée le premier lieu indépendant dédié à la danse du Congo.

La Villette l’accueille pour deux jours et présente ce nouvel opus qui a déjà fait ses preuve à Nantes ou à Saint-Nazaire, un spectacle aux multiples facettes avec des artistes aux cultures différentes : danseurs, musiciens, chanteur, comédienne puisent dans leur art avec l’idée de construire quelque chose, un lieu de tous les possibles. Et cette construction se fait peut-être sous nos yeux comme un « monstre artistique » emprunt de poésie, de liberté, de sonorités rock qui ne demande qu’à vivre et à se nourrir d’espoir…

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Mais si les monstres selon Bidiefono peuvent être les artistes, monstres positifs qui tentent d’avancer, de créer, de recréer du lien, il y a aussi les monstres négatifs, les dirigeants de certains pays, dictateurs adeptes de la déconstruction plutôt et de l’anti-culture. Le chorégraphe et ses artistes dépeignent ainsi la volonté de rester debout, de chercher et de trouver des lieux de création quand les pouvoirs défaillent, de se substituer à eux si nécessaire, de les combattre  pour que la culture survive coûte que coûte. Il est donc certain qu’avec Monstres à La Villette qu’on nous promet joyeux, festif et  punk, les artistes ne danseront pas pour rien…

Monstres / On ne danse pas pour rien
Chorégraphie : Bidiefono DeLaVallet

Compagnie Baninga
Avec : DeLaVallet Bidiefono, Destin Bidiefono, Fiston Bidiefono, Rebecca Chaillon, Ella Ganga, Marie-Bède Koubemba, Cognès Mayoukou, Aïper Moundou, Lousinhia Simon / Musiciens : Armel Malonga, Francis Lassus, Raphaël Otchakowski / Dramaturgie : Aurelia Ivan / Collaboratrice artistique : Carine Piazzi / Création lumière : Stéphane ‘Babi’ Aubert / Création son : Jean-Noël François
VendredI 22 et Samedi 23 juin 2018 à 20h30 

La Villette
Grande Halle

211 avenue Jean-Jaurès  Paris 19ème
Métro : Porte de Pantin (ligne 5 ou 3b)
Réservations : 01 40 03 75 75 / www.lavillette.com
Crédit Photo principale : Nicolas Guyot