Le Coryphée est allé à la rencontre de Célia Rosich, comédienne et réalisatrice, qui interprète avec talent le rôle de Juniper Shepard dans La Loi de Murphy au Théâtre Paris-Villette.

Il est des spectacles qui ne ressemblent à aucun autre. que ce soit par leur parti pris ou par leur atmosphère : La loi de Murphy en fait définitivement partie. Plus qu’un spectacle, c’est une expérience, une aventure théâtrale unique en son genre, à la croisée des chemins. Après Pangolarium, le duo de metteurs en scène et d’auteurs Nicolas Liautard et Magalie Nadaud proposent le second épisode de cette épopée fantastique qui trouve sa principale  inspiration  dans le cinéma, comme celui de David Lynch.

Cet opus se situe 13 ans en arrière où nous suivons un couple Juniper et Alistair ; une écrivaine à succès et un chercheur en génétique. Mais des visions étranges viennent envahir l’esprit de Juniper et vont l’entrainer dans un monde où la frontière entre fiction et réalité semble s’évanouir pour laisser place à de mystérieux phénomènes et à une remise en question totale de leur vie de couple. La loi de Murphy plonge encore davantage dans les méandres d’un univers terrifiant où les laboratoires génétiques deviennent les maitres du monde… Grâce à une mise en scène jouissive et intelligente ; grâce à un incroyable dispositif d’écran géant et à son décor atypique mais surtout grâce au jeu très fin, quasi cinématographique des acteurs, La loi de Murphy nous embarque instantanément dans un voyage fantasmagorique et vertigineux.

Célia Rosich, comédienne de théâtre mais aussi actrice au cinéma comme dans le film d’Eric Judor désormais culte Problemos, en est à sa sixième collaboration avec Nicolas Liautard. Elle incarne ici avec beaucoup de justesse et de profondeur le rôle de Juniper. Elle nous en dit un peu plus sur la genèse de ce spectacle fantastique dans tous les sens du terme.

Comment s’est déroulé le travail sur ces textes totalement originaux ? En en quoi ce travail est similaire ou différent de l’épisode précédent ? 
Célia Rosich : « Déjà, la grande différence avec l’épisode 1, Pangolarium, c’est que pour des raisons de temps de répétitions, toute la création technique, le décor, les vidéos, le son étaient déjà prêts ; cela nous a permis d’aller beaucoup plus vite dans la recherche artistique :  nous n’avions plus qu’à nous glisser dans ces incroyables tableaux.. Concernant le travail sur le texte, pour les deux épisodes, il y a du travail à la table à la base où on lit plusieurs fois le texte puis on discute de ce qui se joue dans chaque scène. Lorsqu’on passe au plateau, on évoque à nouveau les grandes lignes, les étapes et les enjeux de la scène. Entre le texte en main et une petite part d’improvisation avec parfois des mots à nous, on commence alors le travail. Et ce qui intéresse particulièrement Nicolas Liautard c’est toujours de partir du sens. Dans ses mises en scène en général, il aime l’épure, il s’attache à ce qu’on ne montre pas les choses mais qu’on les vive ; ne surtout pas expliquer mais laisser le spectateur venir chercher ce qu’il veut et laisser place à son émotion et à son imaginaire. »

Comment avez-vous appréhendé le rôle de Juniper, comment la percevez-vous  au milieu de cette atmosphère fantastique ?
Célia Rosich : « Quand j’ai découvert à la lecture ce rôle, je l’ai trouvé vraiment très beau ; j’ai aimé l’histoire de cette femme qui est romancière, scénariste, qui a beaucoup d’imagination et dont les visions sont étroitement liées à sa grossesse qui avance. Par le jeu, j’ai bien sûr cherché l’intime et le concret comme dans sa relation forte avec son mari mais j’ai dû aussi me confronter à cet aspect d’univers parallèles, de multivers, de cinéma fantasy dont est friand Nicolas Liautard et que je connais beaucoup moins. Et comme on ne voulait pas jouer une sorte de folie démonstrative, un peu attendue, il était nécessaire que les visions de Juniper, qui sont de l’ordre du ressenti, soient décrites avec beaucoup de réalisme. C’est le cas dans la scène avec la psy où il fallait trouver de la concentration, quelque chose de très intense. Être habitée et être très claire comme le souhaitent Nicolas Liautard et Magalie Nadaud. Et puis Il y a ces fameux accidents, ces étrangetés parfois écrits, parfois issus d’improvisations qui s’ajoutent aux mystères de ce couple et de son histoire. »

Diriez-vous que Juniper Shepard est une victime et que tout ce qu’il lui arrive semble la dépasser ? 
Célia Rosich : « Non pour moi ce n’est pas du tout une victime même si au départ elle est envahie par ses visions et ne comprend pas cette situation. Elle accepte les surprises de la vie, bonnes ou mauvaises. Certes, elle a ses failles, ses fragilités mais elle me parait même plus solide que son mari au départ. Elle a une grande force intérieure, elle est capable de transformer, de transcender tout ce qui lui arrive. »

Y aura-t-il d’autres épisodes ? Et quelle est votre actualité, vos projets personnels ? 
Célia Rosich : « Je pense que Nicolas Liautard et Magalie Nadaud ont en tête des idées pour créer une série théâtrale avec plusieurs épisodes surtout que le spectateur peut s’amuser à faire le pont entre eux, chercher les clins d’oeil, les références comme dans un jeu de piste même s’il peut voir chaque épisode indépendamment. En ce qui me concerne, je viens de tourner dans la série Wonderman, bientôt sur Netflix et je m’apprête à réaliser mon premier court-métrage dont j’ai écris le scénario et dans lequel je joue aussi ! Un vrai challenge pour moi ! »

La loi de Murphy
Texte et mise en scène : Nicolas Liautard et Magalie Nadaud
Avec : Sarah Brannens, Jean-Charles Delaume, Jade Fortineau, Nicolas Liautard, Fabrice Pierre, Célia Rosich et la participation à l’image d’Emilien Diard-Detoeuf, Nicolas Roncerel, Nova Pierre et Sasha Molitor Rosich / scénographie, création numérique, réalisation du cœlacanthe Damien Caille-Perret / musique Thomas Watteau / lumières Morgane Viroli / costumes Sara Bartesaghi Gallo et Simona Grassano / prothèse Anne Leray / réalisation, montage Christophe Battarel / réalisation du décor Les Ateliers Jipanco et Cie / régie générale et plateau Emeric Teste / régie lumière, régie vidéo Morgane Viroli / plateau Julie Znosko
© Christophe Battarel

Jusqu’au 7 mai 2023
Les Dimanche à 15h30 / Mercredi à 14h30  /
Représentation exceptionnelle de Pangolarium jeudi 4 mai à 19h
Vidéo LA LOI DE MURPHY

Théâtre Paris-Villette
211 avenue Jean Jaurès 75019 Paris
M° Ligne 5 : Porte de Pantin
Réservation : 01 40 03 72 23 ou sur  www.theatre-paris-villette.fr