Alexis Victor . filage de la piece " PSY Cause S Lui " au theatre  Lucernaire Paris.Auteur et mise en scene Josiane Pinson,assite de marie Celine Niviere.
Paris,FRANCE-25/01/2022

PSY CAUSE(S) LUI

« Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse » 

Cette citation de Nietzsche répétée à maintes reprises dans le spectacle pourrait être le leitmotiv de la saga Psy Cause(s) que nous propose l’autrice er actrice Josiane Pinson depuis plusieurs années. La psy ou le psy sont-ils ceux qui nous aident à un tel accouchement et n’ont-ils pas eux aussi leur propre chaos à apprivoiser ? Après avoir brillamment et élégamment délivré elle-même sur scène les turpitudes et les méandres de la psyché féminine dans Psy Cause(s) 1, 2 et 3, Josiane Pinson s’intéresse à l’autre sexe. Et elle confie à l’acteur Alexis Victor le soin de mettre en chair les situations et les personnages qu’elle invoque dans le lieu sacré de toutes les confidences, de toutes les névroses et de tous les tabous : le cabinet d’un psy ! 

Alexis Victor va alors tout à tour incarner un psy confronté à ses propres interrogations et tous les patients masculins qui se succèdent dans son cabinet et qui à chaque nouvelle séance vont se dévoiler davantage jusqu’à frôler le point de rupture… Un homme cherche la femme en lui, un autre fuit l’amour et la tendresse derrière le masque de sa virilité, un autre raconte ses rêves le plus fous… Seule une jeune fille (en voix enregistrée) vient troubler ce tourbillon de masculinités contrariées. Mi-ange, mi-démon, elle vient bousculer l’inconscient du psy et le faire se questionner sur sa propre situation ; celle d’un homme qui ne ressent plus rien sexuellement avec sa femme qu’il aime toujours pourtant et dont le métier prend de plus en plus de place. Cette patiente inattendue et provocatrice va le forcer à se remémorer son enfance blessée et le faire entrer lui aussi dans la ronde des psychés masculines.

Et on peut le dire d’emblée, Alexis Victor déborde d’une énergie incroyable qui rend dès le premiers instants ses personnages vivants et bouillonnants. Il y a quelque chose de « cartoonesque » dans sa manière de croquer chaque patient, de les rendre expressifs ; chacun renfermé dans sa névrose, dans ses manies et dans ses tics… Alors qu’il est question de dévoiler ce qui est dans la tête, c’est avec toute la force de son corps qu’il occupe l’espace scénique ne laissant jamais l’ennui ou la pesanteur s’installer. Et il en faut de l’énergie et du jeu pour passer comme un prestidigitateur de l’inconscient d’un état à un autre, d’un homme macho à un homme fébrile… Une belle prouesse de sa part qu’on doit aussi à la mise en scène virevoltante de Josiane Pinson qui fait se distinguer chaque personnage par des positions qui leur sont propres et qu’ils réitèrent à chacune de leur séance. L’un s’agrippe à un oreiller, un autre se couche de manière quasi féminine sur le divan, un autre illustre ses rêves par maintes cabrioles… 

Évidemment du grotesque des situations nait le rire du spectateur et on se met à rire aussi de nous-mêmes, chaque histoire se reflétant plus ou moins dans notre propre vécu. Mais c’est encore plus flagrant à la moitié du spectacle lorsque les personnages finissent par nous toucher terriblement par leurs fêlures et leurs blessures qui transpirent à travers l’acteur. Léon qui rêve de liberté en s’envolant, Léo qui voudrait être Léa ou encore le macho qui fait tomber son masque nous transportent du rire vers une tendre émotion, une douce sensibilité qui n’avaient pas encore fait leur apparition. Le miroir de nos chers désirs, de nos cruelles frustrations marche alors à plein régime.

Encore une fois, même si le protagoniste a changé de sexe, l’écriture intelligente, percutante, ciselée et très juste de Josiane Pinson fonctionne à merveille sur la gente masculine. Ce canevas, excellemment choisi et travaillé, de nous ouvrir les portes du cabinet d’un psy et des ses patients remplit à nouveau son rôle. La magie opère toujours. Ajoutez à cela une belle lumière rougeoyante et ces deux fauteuils qui comme des personnages semblent vouloir nous délivrer leurs secrets et vous obtenez un Psy Cause(s) Lui réussi qui n’attend plus que vous pour quelques jours encore au Lucernaire. Dépêchez-vous si vous voulez avoir la chance d’y voir le chaos accoucher d’une étoile qui danse…

PSY CAUSE(S) LUI

DE ET MISE EN SCÈNE : JOSIANE PINSON
ASSISTANTE : MARIE-CÉLINE NIVIÈRE
AVEC  : ALEXIS VICTOR
AVEC LES VOIX DE DEBORAH LAWRENCE, LAURENT RICHARD ET JOSIANE PINSON / CRÉATION LUMIÈRE : JACQUES ROUVEYROLLIS / CRÉATION MUSICALE : STÉPHANE CORBIN / MIXAGE SON : SPOT MACHINE
PRODUCTION : CHANGEMENT DE DÉCOR
CORÉALISATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE

Jusqu’au 13 mars 2022
du mardi au samedi à 19h / Le Dimanche à 15h30

LUCERNAIRE
53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
Métro : ND des Champs (ligne 12),  Vavin (ligne 4), Edgar Quinet (ligne 6)// 
 01 45 44 57 34 / www.lucernaire.fr

Crédit photos © Raymond Delalande

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