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ERZULI DAHOMEY, DÉESSE DE L’AMOUR / Nelson-Rafaell Madel / Prix Théâtre13-jeunes metteurs en scène

           Second spectacle présenté au Prix Théâtre 13 –Jeunes metteurs en scène, Erzulhi Dahomey, Déesse de l’amour est un texte de Jean-René Lemoine mis en scène par Nelson-Rafaell Madel.
Ce texte raconte la rencontre de deux femmes que tout oppose : Victoire et Félicité. Chacune vient de perdre un fils. Félicité vient réclamer à Victoire le corps de son fils alors que le fantôme de celui-ci hante la maison de Victoire. Oscillant entre fantastique, humour, absurde et poésie, le texte relate la trajectoire intime et humaine de deux femmes en résonnance avec la grande Histoire.

      Nelson-Rafaell Madel est comédien et metteur en scène. Il est originaire de Martinique et s’est formé auprès de Yoshvani Médina, metteur en scène cubain puis auprès de Claude Buchvald à Paris. Il fonde la compagnie Théâtre des Deux Saisons en 2007 au sein de laquelle il met en scène P’tite Souillure de Koffi Kwahulé en 2013, Nous étions assis sur le rivage du monde, de José Pliya en 2014. Il a été assistant à la mise en scène de Claude Buchvald, Pierre Guillois, Marie Ballet. En tant que comédien, il a joué sous la direction de Yoshvani Médina, Claude Buchvald, Pierre Guillois, Naidra Ayadi, Marie Ballet, Evelyne Torroglosa, Sandrine Brunner, Paul Nguyen, Néry Catineau, Stella Serfaty, Margaux Eskenazi, Damien Dutrait. Il est également membre fondateur du collectif La Palmera.

Pourquoi avoir choisi ce texte ?
Nelson-Rafaell Madel : Ce choix se place dans la continuité de Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya et de P’tite souillure de Koffi Kwahulé. Ces trois textes mettent en jeu des écritures qui m’intéressent car ce sont des auteurs qui développent une langue qui surprend beaucoup dans la forme, dans le choix du vocabulaire, le choix de la couleur des mots. Il y a vraiment une écriture archypélique comme le dit Sylvie Chalaye [1], une universitaire à Paris III, au sens où il y a toujours dans les propos et dans la langue même, un voyage, un exil, une ouverture sur le monde. Il n’y a jamais quelque chose de resserré sur une partie du monde ou un lieu en particulier. Ca pourrait se passer partout. Et cela se ressent dans l’écriture : on n’est jamais recentré sur un style de parole qui pourrait correspondre à une ethnie ou à une communauté.
Et puis aussi parce que les thèmes abordés sont l’exil, le déracinement, le choc de cultures, de la quête identitaire. Déjà dans les deux textes précédents il y avait cela. C’est souvent des histoires d’intrusion. C’est toujours l’histoire d’une personne qui est dans un lieu qui lui appartient et puis il y a quelqu’un qui fait intrusion et qui vient bousculer un calme apparent. C’est une recherche que je mène depuis le premier spectacle : ce phénomène d’intrusion comme point de départ de la rencontre de l’autre. Ce sont souvent des personnages opposés, qui sont dans le déni des autres, dans le déni d’eux–même. La rencontre avec l’autre va leur permettre de se rencontrer eux-mêmes, de découvrir les autres, de se réinventer. Ce sont aussi des textes où le tragique se mêle sans rupture avec l’absurde, le grotesque. Les personnages sont souvent des monstres. Ils sont des « sursauts » au sens où ils sont là pour faire sursauter le public.
Et puis, au-delà de toutes ces raisons, quand je choisis un texte il faut que ça me fasse des spasmes, me fasse vibrer à chacune des lectures!

Quel a été le processus de travail ?
Nelson-Rafaell Madel : Cela s’est passé de façon paradoxale car je voulais créer ce projet en prenant vraiment le temps de le faire ; en faisant plusieurs sessions de travail car il y a beaucoup de danse dans le spectacle. C’est quelque chose qui m’intéresse de lier le texte avec de vrais moments dansés. Du coup, je voulais qu’il y ait un temps de travail sur la danse, un autre sur le jeu, et puis une dernière session pour raccorder tout ça. Et puis, en fait j’ai décidé de m’inscrire au Prix du Théâtre 13. J’ai donc gardé ce processus mais de façon plus précipitée dans le temps car le prix impose une temporalité différente mais qui permet de découvrir une autre façon de travailler. C’est difficile, mais c’est aussi génial. Comme j’avais le processus de travail en tête avant de commencer les sélections, je l’ai juste resserré dans le temps. On a donc fait un vrai temps de travail sur le texte, à la table pour se mettre d’accord. C’est très important de se mettre d’accord tous ensemble, surtout quand on est beaucoup sur un projet. Il faut se mettre d’accord sur ce que raconte l’histoire. Ca permet une plus grande facilité pour les acteurs dans l’apprentissage du texte car on a alors tellement parlé de celui-ci, de ce qu’il signifie, des orientations qu’on prend, que son apprentissage devient complètement limpide. Puis il y a eu une deuxième phase de travail où on s’est plus concentré sur la danse : comment raconter cette histoire par le biais de la danse ? Quels pourraient être les moments dansés ? sachant que l’auteur, Jean-René Lemoine, propose de faire danser ses personnages à certains moments. Enfin une troisième étape où on a mêlé les deux, où on a fait transpirer les choses les unes avec les autres.
Au niveau du parti pris de mise en scène, tout repose sur les acteurs. Les personnages sont des monstres. Nous avons travaillé sur les ruptures, les changements de rythmes, le fait qu’on peut rire au début d’une réplique et qu’à la fin de cette réplique, on peut être dans une obscurité totale. C’est vraiment ça le travail : travailler sur une forme de virtuosité d’acteurs avec aussi de la musique et des lumières. Faire qu’on est dans un univers et la seconde d’après, dans quelque chose d’autre.

Pourquoi avoir choisi de participer au concours Théâtre 13-Jeunes metteurs en scène ? Qu’est ce que tu en attends ?
Nelson-Rafaell Madel : En fait, sur les deux précédentes créations Nous étions assis sur le rivage du monde et P’tite souillure, la grosse difficulté a été que le travail soit vu et notamment à Paris. Je suis originaire de Martinique. Ces deux spectacles ont été créés en Martinique, joués en Martinique. P’tite souillure a joué au Festival d’Avignon et Nous étions assis sur le rivage du monde dans un théâtre à Lausanne, mais l’exploitation s’est arrêtée là. On bien fait des captations mais c’est très compliqué d’avoir des rendez-vous avec des professionnels dans lesquels on peut véritablement parlé de son travail. Personnellement, je n’en pouvais plus d’avoir comme réponse « envoyez moi un dossier ou une captation » car je trouve que c’est très difficile de se rendre compte de l’univers d’un artiste à partir d’un dossier ou d’une captation. C’est même impossible. En revanche, le fait que la sélection au concours se passe en plusieurs étapes, notamment de présenter une maquette de trente minutes en février dernier, a permis de rencontrer des gens directement, de parler du travail de façon très concrète. C’est ce qui est très réussi dans ce concours : on peut montrer son travail. Pour moi qui n’ai pas fait de grande école, c’est important. C’est la raison pour laquelle j’ai présenté ce projet. Je sais aussi que la ligne artistique du Théâtre 13 est axée sur l’esprit de troupe. C’est forcément intéressant quand on s’attaque à un texte comme Erzulhi, où il y a sept acteurs sur le plateau. Ca m’intéresse beaucoup cette notion de troupe car je travaille régulièrement avec les mêmes personnes.

[1] Sylvie Chalaye est spécialiste des théâtres d’Afrique et des diasporas, anthropologue des représentations coloniales et historienne des arts du spectacles. Elle enseigne à l’Université de la Sorbonne Nouvelle.

Avec: 
Adrien Bernard-Brunel,
 Alvie Bitemo,
 Mexianu Medenou,
Gilles Nicolas, 
Karine Pédurand, 
Claire Pouderoux, 
Emmanuelle Ramu.

ERZULI DAHOMEY, DEESSE DEL’AMOUR  de Jean-René Lemoine
Mise en scène : Nelson-Rafaell Madel
Scénographie: Nelson-Rafaell Madel
Lumières et collaboration à la scénographie:  Lucie Joliot
Musique :Yiannis Plastiras
Collaboration chorégraphique: Gilles Nicolas.

Du 13 au 23 octobre 2016
du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h

1h30 sans entracte.

Théâtre 13 –Seine
30 rue du Chevaleret
75013 Paris. M° Bibliothèque –François Mitterrand (Ligne 14)
Réservation : 01 45 88 62 22
http://www.theatre13.com

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