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TROPIQUE DE LA VIOLENCE

C’est l’histoire de Moïse, un petit enfant comorien, qui, avec sa mère, traverse l’océan dans une embarcation de fortune, pour venir chercher une vie meilleure à Mayotte. Mais Moïse a un œil marron et un œil vert, celui du Djinn. Moïse porte la marque du mauvais œil. Il faut le protégé. Alors, sitôt débarqué sa mère le confie à Marie, une jeune infirmière qui accepte de l’élever, elle qui ne peut avoir d’enfant. Lorsque Moïse a quinze ans, Marie meurt subitement d’une rupture d’anévrisme, laissant l’ adolescent livré à lui-même, sans ressources. Mayotte, s’il est un territoire français, est un des plus pauvres et des plus insécurisé qui soit. On y trouve Gaza, un bidonville où errent à ce jour trois milles mineurs isolés. C’est là que Moïse trouve refuge et qu’il rencontre Bruce, un sale type qui se proclame le roi de Gaza et y fait régner sa loi…

Alexandre Zef s’attaque une nouvelle fois -après Jaz- à faire entendre la voix des laissés-pour-compte. Il signe l’adaptation du magnifique texte de Natacha Appanah, nous laissant découvrir une réalité d’une violence inouïe, qu’on n’oserait imaginer sachant, de surcroit, que Mayotte est un territoire de notre république.
La mise en scène, dans laquelle on reconnait la « patte » du metteur en scène -son goût pour les ambiances sombres et les hauteurs- fait la part belle aux nouvelles technologies. Tout est maîtrisé de bout en bout, même si parfois on aurait aimé plus de sobriété afin de laisser la puissance des mots envahir l’espace.
On assiste à un récit choral, servi par des comédiens formidables de justesse et d’implication dans leur jeu. On est surpris par la multiplicité des formes qui cohabitent sur la scène : danse, rap, musique live, théâtre, cinéma. C’est tout-à-fait moderne et cela donne une proposition artistique assez inédite qui fonctionne bien, laissant surgir des moments magiques comme le passage où Moïse et Stéphane, l’humanitaire, se retrouvent dans la mangrove. Plastiquement, c’est bluffant. D’autant que se superposent sur le décor en place, plusieurs plans d’images qui créent ainsi une  nouvelle scénographie. On ne sait plus où l’on est. Peut-être dans un rêve ?
Tropique de la violence est une espèce de tourbillon, un cyclone dans lequel le spectateur est placé au centre. On est à la fois déplacé et toujours immobile ; à la fois dans quelque chose de terrible, qui se passe autour de nous, mais protégé. C’est alors que l’horreur nous est présentée de façon brute, crue : Moïse violé par le roi de Gaza. Glaçant. S’ensuit la logique de la violence. La tragédie est bien là. La violence répond à la violence. Celui qui tuera le roi deviendra roi. Mais pour combien de temps ? Peut-être le temps d’une course folle vers l’océan, celui-là même qui aura fait échouer le petit Moïse sur cette terre de désastre ; celui-là même qui se confond avec le bleu du ciel ?

Tropique de la violence
Texte : Natacha Appanah
Adaptation et mise en scène : Alexandre Zeff
Avec : Mia Delmaë, Thomas Durand, Mexianu Medenu, Alexis Tieno, Assane timbo, Yoko Oshima / Blanche Lafuente.
Crédit Photo: Jules Beautemps. 

Du 14 au 30 septembre 2022
Du Lundi au samedi, relâche le dimanche.
20h du lundi au vendredi. 18h le samedi.

Puis en tournée dans toue la France :
https://www.lacamaraoscura.fr/tropique-de-la-violence

Théâtre 13 / Bibliothèque
30, rue du Chevaleret 75013 Paris 
M° Biliothèque François Mitterrand ( L14)
https://www.theatre13.com/saison/spectacle/tropique-de-la-violence

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