"Dessine-moi un Piano"

DESSINE-MOI UN PIANO

Farré le farfelu 

Si La Fontaine avait vécu à notre époque, il aurait peut-être écrit une fable s’intitulant : « Le Farré et le piano » tant l’acteur-auteur Jean-Paul Farré affectionne particulièrement cet instrument qui l’accompagne tout le long de sa carrière et en particulier dans ses « spectacles en solitaire » : Trois Pianos et un cactus, Les Contes pour Pianos ou encore Les Douze Pianos d’Hercule qui reçut le Molière du Théâtre musical en 2010. Avec Dessine-moi un piano, on pourrait se dire qu’il s’agit de l’histoire d’un accordeur, d’un préparateur de piano qui prépare la bête avant l’entrée du maestro mais on pourrait aussi se dire que c’est l’histoire d’un acteur qui cherche comment composer son spectacle avec un début qui happe le spectateur, un milieu qui ne mérite pas qu’on s’y attarde et une fin soignée pour provoquer les applaudissements. On peut se dire tout ça et y chercher un sens mais la vraie magie d’un spectacle de Jean-Paul Farré c’est d’abord d’ouvrir très grand les portes d’un imaginaire qui lui est propre, sans limites, inattendu et qui va vous envelopper de sa douce folie !

Lorsque les spectateurs entrent dans la salle, le comédien est déjà assis à son piano jouant quelques gammes avant d’interpeler son auditoire et de commencer avec lui un voyage surréaliste au pays du piano levant. D’emblée, on assiste à un tour du magicien Farré. Grâce à son sens du verbe et à sa maîtrise absolue de l’absurde, il donne littéralement vie à son piano ; le piano respire, joue, provoque. Tout en lui va prendre forme : clavier, touches, cordes, partitions. Désormais, il n’y a pas qu’un acteur sur scène mais quasiment deux ! Au-dessus de ce duo impromptu un écran géant numérique affiche une partition immense avec laquelle Farré va interagir de temps à autres. Le La est donné et autant le dire (puisqu’il faut un bon début), Farré n’y va pas pianissimo ! Il frappe fort dès les premières minutes en imprégnant l’air de son inégalable talent burlesque.

En plus de la virtuosité des mots avec lesquels il danse et s’amuse, il nous concocte un feu d’artifice de scènes truculentes où son personnage décalé virevolte, rompt soudainement le rythme, dialogue avec une note de musique frustrée, joue du ballon au clavier bref se permet tout ; brisant ainsi l’éventuelle linéarité qu’une histoire supposée pourrait engendrer. Il est fou ce Farré, farfelu, furieusement burlesque, délicieusement fantasque ! Il a cet incroyable don de surprendre à chaque seconde le spectateur, de le mener par sa baguette poétique dans les profondeurs de son monde, un monde unique. Servi par une mise en scène enlevée de Stéphane Cottin et de belles lumières, Farré sait exceller.

Précipitez-vous aux dernières de ce bijou « fantastico-pianistique » tout simplement parce qu’il y en a pas beaucoup des comme lui, de grands acteurs du burlesque dignes d’un Chaplin, d’un Keaton ; dans la lignée d’un Philippe Avron jouant avec la musculature du langage et la suave légèreté du corps. En fait il n’y en a qu’un des comme lui et il s’appelle : Jean-Paul Farré.

Dessine-moi un piano
Curieux concert burlesque imaginé, partitionné et interprété par le génial Jean-Paul Farré.
De Jean-Paul Farré
Mis en scène : Stéphane Cottin
Avec Jean-Paul Farré
Lumières et vidéo : Léonard
Jusqu’au 12 novembre / Les jeudi, vendredi et samedi à 19h

Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris
Métro : Rome (ligne 2)
Réservations :  01 42 93 13 04 ou sur place
Site du théâtre : www.studiohebertot.com

 

 

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