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SEULAUMONDE

Première pièce de Damien Dutrait, Seulaumonde et une plongée en apnée au cœur de l’humain et du sensible. Une écriture fine, qui s’attarde à déceler l’émotion et qui, paradoxalement, prend en gravité à mesure qu’elle explore les petits riens de la vie. Nelson-Rafael Madell, pour qui ce monologue à trois personnages à été écrit, avance comme un funambule des mots sur la corde raide de ce texte dense qui nous remue par la simplicité des questions qu’il pose, livrant une vérité brute, nue, qui résonne avec celle, intime, de tout-à-chacun.

Au fond de la scène on distingue une silhouette, celle d’un jeune homme : Seulaumonde. Agenouillé face au public il décrit l’enterrement d’une jeune fille, se lève et court à en perdre le souffle. Comme un acte ultime, il court pour rattraper quelque chose qui lui échappe, qui a pris la fuite.
Un jour, Seulaumonde a pris un avion pour aller en Espagne. Il n’a jamais eu aussi peur de sa vie que pendant ce voyage. Au cours de celui-ci, l’avion a piqué du nez, a bien failli s’écraser. Ce jour là, Seulaumonde a failli mourir.
Prélude.
La mort est plus sournoise : elle arrive sans crier gare. Elle fauche d’un coup de lame, comme ça, au hasard. Elle fauche et elle ramasse. Une veine dans le cerveau n’irrigue plus correctement et crac ! C’est la fin. Seulaumonde est mort. Il est là, errant entre deux mondes, ne veut pas partir. Commence alors un bras de fer perdu d’avance entre lui et la grande faucheuse. Au fil de ce soliloque apparaitront les figures de la mère et du père ; figures qui prendront la parole pour dire ce qu’elles n’ont pas eu le temps de dire. Sont-elles « réelles » ou sont-elles des projections mentales de Seulaumonde ? Peu importe : les masques tombent, les points de vue se multiplient composant ainsi une mosaïque à trois voix d’une même situation.

Une interprétation qui nourrit un texte évocateur

Au sol un tapis blanc ciré et, accrochés aux cintres des haut-parleurs sphériques qui font penser aux mobiles suspendus dans les chambres d’enfants. Une chaise, un vieux néon que le comédien manipulera au cours de la représentation viennent compléter la scénographie. Celle-ci est simple et peut évoquer le bloc opératoire d’un hôpital. C’est surtout un espace mental qui se transforme dans l’imaginaire des spectateurs au gré des histoires que raconte Seulaumonde. Ici pas de redondance, pas d’illustration de ce qui est dit. Le texte est suffisamment évocateur.
La densité du texte se nourrit de l’interprétation de Nelson-Rafaell Madel -subtilement et impeccablement dirigé par Emmanuelle Ramu- qui passe avec maestria de la douceur à la révolte, du désespoir à l’acceptation, nous amenant au bord des larmes et du rire mais sans jamais nous y précipiter. L’implication du comédien est totale, son énergie communicative. Et quand il s’enflamme sur quelque morceau de rock ou le très beau « Courage des oiseaux » repris par Alvie Bitemo, c’est une bouffée d’air et de vie qui gagne le parterre. Seulaumonde est mort, mais son désir est bien là. La pièce s’affirme alors comme une célébration de la vie, de la vie qui vaut la peine d’être vécue, qu’il faut vivre à en perdre haleine, sans peur et sans regret.
Un spectacle qui régénère et donne l’envie de chanter dans le vent glacé…

SEULAUMONDE de Damien Dutrait
Avec Nelson-Rafaell Madel

Mise en scène: Damien Dutrait
Mise en jeu: Emmanuelle Ramu
Scénographie et lumières: Nicolas Delarbre.
Collaboration sonore: Nicolas Cloche.
Crédit photo: Damien Richard

Du 6 au 22 novembre 2016
Lundi et mardi à 19h15, dimanche à 20h30

Durée : 1h10

Théâtre de Belleville
94 rue du Fbg du Temple
75011 Paris
Métro: Goncourt ou Belleville

Réservation: 01 48 06 72 34

www.theatredebelleville.com

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