Photo Roberto Zucco © Jean-Louis Fernandez

ROBERTO ZUCCO

Zucco entre terre et ciel

Roberto Zucco, pièce de Bernard-Marie Koltès écrite en 1988 s’inspire de l’histoire d’un véritable tueur en série qui a sévit an France et en Suisse, Roberto Succo. Roberto Zucco est condamné pour avoir tué son père, il s’échappe de sa prison pour frapper à la porte de sa mère qu’il tue aussi quelques instants plus tard en la serrant trop fort dans ses bras.  Un double parricide qui déjà donne le ton de la pièce ; une pièce écrite avec une poésie sublime où chaque mot compte et surgit comme un coup de poignard littéraire.
Zucco va alors rencontrer la Gamine, une adolescente en mal d’amour qu’il abandonne assez vite pour continuer son périple meurtrier. La Gamine partira à se recherche quitte à se perdre dans les abimes de l’existence…

Dans la mise en scène enlevée de Richard Brunel présentée au TGP, c’est Pio Marmaï, qu’on voit plus aisément au cinéma, qui a été choisi pour revêtir l’enveloppe de ce personnage charismatique. Un choix qui va s’avérer absolument payant : Pio Marmaï est très convaincant d’abord physiquement parce qu’il en impose par son corps athlétique et ensuite par son jeu juste et précis qui vont lui permettre de tenir le rôle durant 1h40 très intenses.
Et puis, bien loin de voler la vedette, il est au diapason dans une mise en scène volontairement collective avec tous les autres acteurs qui lui donnent le change souvent avec talent. On remarque la jeune Noémie Develay-Ressiguier excellente dans le rôle délicat de la Gamine.
Le duo la Gamine-Zucco est très touchant ici entre celle qui veut fuir des parents déconnectés et absents et celui qui a tout simplement nié l’ existence des siens en les supprimant…

Richard Brunel place tout ce beau monde dans une scénographie impressionnante au milieu de panneaux-dédales où se perdent le personnages et de structures métalliques dont un pont « suspendu » qui donne de la perspective à certaine scènes et qui symboliquement emmène de la terre au ciel, de la réalité au firmament qui attire tant Zucco. Et tout ce beau monde, qui gravite comme des atomes autour de lui, devient sous nos yeux un monde laid, les sujets d’une société que Koltès montre du doigt et qui se nourrit de la fragilité des âmes.

Richard Brunel et sa troupe montre bien que Roberto Zucco ne se résume pas à sa folie meurtrière, il est aussi la victime de ses pairs qu’il ne comprend pas, de cette société qui l’accable comme dans la surprenante scène finale en forme d’interview filmé où les images rappellent les chaînes d’infos d’aujourd’hui. Zucco devient presque un penseur à l’instinct d’un fou certes mais qui se voit comme un ange qui tenterait de gagner le ciel et dont les pieds resteraient fatalement ancré dans une réalité qu’il veut fuir. Un ange déchu dont les ailes brûlent mais un ange quand même.

Roberto Zucco
De Bernard-Marie Koltès
Mise en scène : Richard Brunel
Avec : Axel Bogousslavsky, Noémie Develay-Ressiguier, Évelyne Didi, Nicolas Hénault, Valérie Larroque, Pio Marmaï, Babacar M’Baye Fall, Laurent Meininger, Luce Mouchel, Tibor Ockenfels, Lamya Regragui, Christian Scelles, Samira Sedira, Thibault Vinçon
Dramaturgie : Catherine Ailloud-Nicolas | Scénographie : Anouk Dell’Aiera | Lumières : Laurent Castaingt | Costumes : Benjamin Moreau | Son : Michaël Selam | Coiffures et maquillages : Christelle Paillard | Assistante à la mise en scène : Louise Vignaud

Du 29 janvier au 20 février 2016
Du lundi au samedi à 20h / Le dimanche à 15h30 / Relâche le mardi

Théâtre Gérard Philippe
59, boulevard Jules-Guesde 93 200 Saint-Denis
Transports : Gare de Saint-Denis (Rer D ou ligne H de Gare du Nord) /  St-Denis Basilique (Ligne 13) / Navette retour vers Paris gratuite.
Réservations : 01 48 13 70 00 ou www.theatregerardphilipe.com

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