Supermerveilleuxdisk
Dans la mythologie grecque, Iris est la messagère des Dieux. Elle est communément appelée la « Déesse arc-en-ciel » pour laisser dans son sillage, lorsqu’elle descend sur terre, une trace de mille couleurs. Iris Extatis est bien à l’image de cette figure : une explosion de couleurs, un feu d’artifices. C’est un métissage de sons, de rythmes ; une ôde au voyage, à l’émerveillement et à l’amour. L’amour sous mille facettes, à la fois grave et tendre, joyeux et léger.
Si on tend bien l’oreille, on pourra déceler -au travers de ces 11 nouveaux titres- une carte du tendre : d’abord un regard, la fascination, le désir (« Songs for rêveurs ») puis l’amour qui surgit sans crier gare (« L’amour »), le doute qui s’installe ensuite (« Resteras-tu amoureux » ?) pour enfin arriver à l’amour malheureux où culmine le paradoxe de l’idéalisme: refuser une chose tellement on l’aime, tout en gardant l’espoir malgré tout (« Le corps est un voyant »). Ce parcours s’enracine dans celui d’une géographie qui va de la Chine à la France en passant par le Nil, l’Afrique ou le Népal et où, les lynx, les loups, les oiseaux lyres, les ours, les serpent des sources, les chats dessinent un bestiaire de contes de fée.
Il y a aussi chez Daphné l’amour des mots. Des mots joueurs, des mots imaginés, des mots à double entrée, des mots profonds, des mots qui se chamaillent pour nous laisser entendre toute sa fantaisie sous son voile d’élégance. Son goût prononcé pour des textes en dentelle où l’humour n’est jamais loin en témoigne : « J’suis rien qu’une femme sablier / Mais j’te la ferai pas à l’envers » ( « Faite à l’envers »).
Cependant, si on se prend à avoir envie de danser sur la valse de « L’ Amour », à avoir envie de nous envoler avec « Mohini Miranda », notre cœur se serre sur «Ultraviolet », vive critique du climat actuel qui règne dans notre société. Preuve en est alors qu’on peut avoir la tête dans les nuages et les pieds bien enfoncés dans la terre.
Le dernier morceau «Supercalifragilis» dont le titre ressemble à une formule magique qui n’est pas sans rappeler Mary Poppins, est une véritable apothéose : la voix de la chanteuse se fait lyrique et égrène, sur les pas d’une valse au piano, un brin désuète, un brin zigzaguante, les états d’âme de l’idiot du village qu’on imagine être un petit clown funambule et poète. Est-ce les quelques phrases en italien ? On pense par moments à Fellini et à ses Clowns ou bien à La Strada.
Il y a quelque chose d’alchimique qui traverse ce nouvel opus, quelque chose d’ensorcelant, qui se révèle au fur et à mesure, tout empreint de sensibilité et de délicatesse telle la métamorphose d’une chenille en papillon et dont l’artiste ne se départ pas lors de son passage à la scène.
Lors de la première présentation de l’album au Flow à Paris le jeudi 8 mars 2018, Daphné, accompagnée de ses trois musiciens virtuoses et complices (Agnès Imbault aux Claviers, Caroline Géryl à la Batterie, Flûte traversière, programmations et Yukulélé et Jean-Louis Solans aux guitares et à la basse), nous a envoûté d’un bout à l’autre du concert.
Si elle a l’air ingénu, comme arrivée d’une autre époque, dans une longue robe en panne de velours vert, pailletée, il ne faut pas s’y fier : c’est bien elle qui mène la danse. Tout n’est que jeux d’apparences, de voiles pour nimber le mystère. En elle sommeille la féline qui ne tarde pas à se découvrir. Fi des talons hauts et du chignon des premières minutes ! Place à la femme sauvage et libre ! La fée se transforme en sorcière. Le concert va alors crescendo. Les ballades douces et les moments de grâce (inoubliable reprise de « Göttingen » de Barbara) laissent place aux rythmes entrainants. La simplicité et la générosité de la chanteuse nous embarquent totalement.
Nous sortons d’un rêve lorsque les lumières se rallument, mais sommes bien prêts à repartir pour un nouveau voyage. A quand le prochain ?
Iris Extatis de Daphné.
Sortie le 16 février 2018
Label AT(h)OME.
http://www.daphneofficiel.fr/
https://fr-fr.facebook.com/daphnemusic/
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