Marc est ethnologue, spécialiste des hystéries collectives. Un jour, il achète une armoire dans laquelle il découvre, échoué dans un tiroir, un carnet. Ce carnet est celui de Aïleen O‘ Leary, une jeune irlandaise disparue dans les années soixante. Parallèlement à cette découverte, Marc fait la connaissance d’une jeune femme -Elie- qui, elle aussi, ne cesse de disparaitre. Marc se plonge dans le carnet retrouvé. C’est alors qu’il décide de partir en Irlande afin d’enquêter sur al disparition d’Aïleen.

Si vous n’aviez jamais vue de thriller au théâtre, La compagnie le Cri de l’Armoire se charge de remédier à cela.  Seul au plateau, Marien Tillet s’avance vers le public et s’adresse directement à lui. Que les choses soient claires : on va vous raconter une histoire. Ici, tout n’est (quasiment) que parole. Et quelle histoire !  Dans une scénographie très épurée où seuls une armoire et une souche d’arbre donnent à imaginer les lieux évoqués, Marien Tillet déroule son art de conteur. Et là aussi, que les choses soient claires : Marien Tillet est un conteur exceptionnel. Préparez-vous à trembler !
Les lumières, tout en clair-obscur, installent une ambiance on-ne-peut-plus inquiétante. Tantôt drôle, tantôt sérieux, maniant l’art de la rupture avec brio, le comédien repousse le plus tard possible le dénouement de l’histoire et maintient le suspens par des apartés tout en utilisant judicieusement la musique et le son pour amplifier la charge émotionnelle de sa parole. Tout devient organique. On se surprend à retrouver des émotions de gamin à la fois terrifié d’entendre ce qui va être raconté et impatient de connaitre la suite de l’histoire.
Le travail de Marien Tillet et de son équipe (Samuel Poncet aux lumières et Pierre-Alain Vernette au son) a ceci de fascinant qu’il n’a rien de spectaculaire. Tout se tisse dans les mots.  Tout est donner à éprouver et à sentir. La parole, par son pouvoir d’évocation, créé un univers onirique et fantastique. Cet effet est accentué par un système sonore omniprésent mais totalement invisible. Le comédien  lance des sons,  crée des boucles mais on ne comprend pas comment. Tout devient alors magique. Une magie qui déroute, surprend, attise la curiosité et nous embarque dans un formidable voyage. On ne vous racontera pas la fin de l’histoire. Ce que nous pouvons dire, c’est que celle-ci parle de sorcières, d’araignées, de rumeur et de la peur de l’Autre, de l’étranger.
Et si certains ne  voient dans Deux sœurs qu’une histoire à suspens destinée à provoquer la peur, il faut entendre la formidable tirade d’Aïleen à la fin. Celle-ci résonne incroyablement dans l’actualité de notre époque. Epoque où, le repliement communautaire, les dérives sectaires, l’uniformisation de la pensée, la peur de l’Autre s’accroissent fortement. Si l’histoire d’Aïleen est l’histoire d’une terreur collective qui a conduit à la tragédie, sa dernière tirade, elle, est un hymne à l’amour et la liberté. Courez voir ce spectacle !

DEUX SOEURS 
Ecriture, jeu, violon : Marien Tillet
Scénographie et Lumières : Samuel Poncet
Dispositif Sonore : Pierre-Alain Vernette
Production : Le Cri de l’Armoire

THEATRE DUNOIS
7, rue Louise Weiss
75013 Paris
Réservation : 01 45 84 72 00
Du 9 au 12 mai 2022 à 19h  / 13, 14, 16 17 et 18 mai à 20h / Scolaires les 10 et 17 mai à 10h. 

LE 11-AVIGNON 
11 Bd Raspail
84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2022 à 13h35 / Salle 2
Relâche les 12, 19 et 26 juillet