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VIKTOR

Voyage surréaliste en Italie

Viktor est la première des pièces voyageuses de la chorégraphe allemande Pina Bausch créée en 1986 peu de temps après qu ‘elle ait tourné dans un film de Fellini « E la nave ». Et pour s’imprégner de Rome et des saveurs italiennes, la troupe s’installa sur place.
Revoilà donc l’oeuvre présentée au Théâtre du Châtelet mais sous la houlette du Théâtre de la Ville qui entre d’ailleurs en restauration au mois d’octobre pour deux ans avant que le Châtelet ne lui succède l’année prochaine. Sa programmation sera donc présentée hors les murs dans différents théâtres et espaces. Sur le plateau du Châtelet on retrouve encore des anciens danseurs comme Dominique Mercy ou Nazareth Panadero mais on découvre aussi l’arrivée de petits nouveaux qui viennent redonner un nouvel élan à la troupe du Tanzteater de Wuppertal. C’est donc en quelque sorte un Viktor revisité qui nous est donné à voir…

Et le tout début nous montre d’emblée la direction que va prendre le spectacle : une femme « sans bras » s’avance sur le devant de la scène ; sorte de Vénus de Milo ambulante, elle semble tout droit sortie d’un tableau de Salvador Dalí. Le ton est donné et on va assister à l’une des œuvres les plus surréalistes de Pina Bausch. Déjà, dans le fond et sur les côtés, le décor immense représente une roche comme un canyon, de plus de deux mètres de haut sur laquelle un homme se ballade presque en continu et déverse de la terre en contrebas.

D’autres personnages hauts en couleur font leur apparition comme ce monsieur-madame fumant sa cigarette au café en dehors du tumulte ou un être étrange avec une canne totalement recouvert d’un habit monastique semblant jouer un maître d’orchestre un peu gauche ! Pêle-mêle on voit apparaître un berger et ses moutons, un concours canin, une femme porte-robes : un déferlement surréaliste !

Et au milieu de tout ça, des scènes encore émouvantes, nostalgiques ou désespérément drôles ; des moments de chorégraphies pures et collectives magiques et euphoriques qui contrebalancent les éternelles introspections sur le sens de la vie, le couple, le désir que Pina engendre à travers les propositions des danseurs. D’ailleurs ici on entend bien les prénoms de certains s’interpellant les uns les autres comme pour montrer qu’il livre eux aussi une part de leur for intérieur. C’est flagrant dans une très jolie scène de vieux couple entre Nazareth et Dominique.

Quant à l’évocation de l’Italie, d’abord discrète, elle devient plus évidente tout au long du spectacle dans les robes à fleurs et dans les fichus des danseuses qui composent tour à tour des vamps felliniennes à souhait ou des serveuses volontairement caricaturales dans une scène de restaurant hilarante ! Et puis il y a la musique, essentielle, avec des chants populaires de plusieurs régions d’Italie qui subliment et donnent une impulsion nouvelle aux chorégraphies collectives entre autres. L’Italie est bien là, poétiquement distillée dans ce Pina surprenant et enlevé.

Et même si les nouveaux danseurs semblent quelque fois fébriles et moins assurés que leurs aînés, ils réussissent à composer parfaitement avec eux pour nous livrer tout l’art et la sensibilité de Pina Bausch. Mais d’ailleurs, qui est ce Viktor évoqué du bout des lèvres ? Cet homme-femme fumant sa cigarette ou cet homme-moine à la canne ? On ne le saura probablement jamais… Seule sûrement  Pina le sait !

Viktor
Par le Tanzteater Wuppertal
Une pièce de Pina Bausch
Mise en scène & chorégraphie : Pina Bausch
Avec 31 danseurs
Décor : Peter Pabst / Costumes : Marion Cito / Collaboration musicale : Matthias Burkert  / Dramaturgie : Raimund Hoghe
Jusqu’au 12 septembre 2016 à 20h / Dimanche à 16h / Relâche le 9

Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet Paris 1er
Métro : Châtelet (ligne 4, 1)
Réservation : www.chatelet-theatre.com ou au 01 40 28 28 40
Crédit photo : Bettina Strenske

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