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TON PÈRE

Alors qu’elle revient de la boulangerie, la fille de Christophe, 10 ans, trouve punaisé sur la porte de chez elle, un mot qu’elle donne aussitôt à son père: « Guerre et Paix : contrepèterie douteuse ». Christophe est gay et…papa. Visiblement ce mot est une forme de menace mettant en doute sa légitimité à être père. C’est alors l’escalade : succèdent au mot punaisé sur la porte, le dépôt d’excréments sur le paillasson puis, l’envoi de photos prises dans l’appartement mettant en scène des scénarii à tendance pornographique plus que douteux. Qui fait cela  ? Qui en veut à Christophe, en veut à sa fille ? Est-elle en danger ? Tout en menant l’enquête, Christophe nous dévoile son parcours de vie, d’homme, d’homme aimant les hommes et son désir de paternité.

En adaptant à la scène le roman de Christophe Honoré, Thomas Quillardet nous plonge au cœur d’un sujet qui, il n’y a pas encore si longtemps, faisait (et fait sans doute encore) débat dans notre société : faire famille quand on est homosexuel.
L’ écriture de Christophe Honoré est simple, fine, précise, drôle, à l’instar de la mise en scène de Thomas Quillardet qui trouve en Thomas Blanchard -l’interprète du personnage de Christophe- un comédien de haut-vol, sensible et intelligent, avec toujours cette tendresse et cette humanité qui vous cueille quand on ne s’y attend pas. Accompagné par quatre jeunes comédiens fort prometteurs, il livre une performance d’acteur tout simplement magistrale.
Jamais, la mise en scène ne tombe dans le pathos, le spectaculaire ou le racoleur. Tout est mené avec délicatesse et subtilité. Il y a chez Thomas Quillardet une facilité à faire beaucoup avec quasi rien, à nous amener au ludique, à l’évidence, à l’essence même du théâtre : une parole mise en jeu. Et c’est bien cette parole qui, donnée dans un dispositif quadri-frontal, telle une arène de cirque où des hommes condamnés doivent se battre pour avoir la possibilité d’être graciés, va dérouler la bêtise crasse d’un préjugé homophobe : l’inconcevabilité qu’on puisse être gay et bon parent. Au fur et à mesure qu’on suit la vie quotidienne de Christophe et de sa fille, on comprend que la parentalité n’a pas de lien avec la sexualité. En revanche, elle dépend de l’humanité de chacun.e.
Quand, enfin, Christophe découvre l’auteur des méfaits dont il est victime, on reste sidéré de l’identité de celui-ci, de son inconséquence et de son cynisme. Mais la haine ne vient-elle pas justement d’une capacité à annuler l’Autre ? Contrepoint saisissant alors que nous venons de passer une heure-et-demie à rencontrer, comprendre, aimer Christophe et sa fille, à nous reconnaître en eux…

Ton père
D’après le roman de Christophe Honoré.
Mise en scène : Thomas Quillardet
Avec Thomas Blanchard, Claire Catherine, Morgane El Ayoubi, Josué Ndofusu et Etienne Toqué.
Scénographie : Lisa Navarro
Costumes : Marie La Rocca
Lumières : Lauriane Duvignaud
Crédit Photo : Matthieu Edet. 

Tournée :
19 et 20 octobre 22 : L’Azimut, Antony / Chatenay-Malabry
22 novembre 22 : Le Gallia Théâtre – Saintes
29 novembre 22 : Scène Nationale de Châteauvallon
https://8avril.eu

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