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STARGAZE

« Bright Star! »

En des temps très anciens, les hommes regardaient les ciels de nuits pour y voir les présages des saisons à venir. Le ciel annonçait la fin d’un cycle et le début d’un nouveau ou plutôt du renouveau : le printemps. Immobiles face aux constellations ou «sidae», on disait ces hommes sidérés. Pétrifiés face à la beauté. Cloués sur place. Comme face à l’amour. Le choc passé, venait le temps de le dé-sidération, du desiderum, c’est-à-dire : du mouvement, du désir. Le voyage pouvait commencer.
Pour son nouveau disque –Stargaze– Louise Roam nous emmène en voyage. Dans les étoiles. S’inspirant et prenant pour base dans ses compositions les bruits de l’univers, l’artiste inscrit ce 3ème EP (après Raptus et Avaton), dans la logique d’une écriture de la sidération, de l’extase et du mouvement. Les cinq nouveaux titres de cet opus tracent un chemin semblable à une ligne de vie où l’intime se déploie pour accéder à l’universalité et inversement.


Si, au départ, le projet répond à un rêve de petite fille de devenir pilote-astronaute et à « un appel au geste simple de lever la tête vers le ciel, de réfléchir à ce que nous sommes dans l’immensité qui s’ouvre devant nous », on pourra aussi y voir un parcours entre les différents états de l’amour : en tout premier lieu, un appel à travers l’espace et le temps («Stargaze »), la recherche de l’autre (« Vera Rubin’s journey »), le doute («The March»), le souvenir et l’attachement («Ciel d’ouest ») et enfin la rupture (« Mer noire »).
On remarquera le soin apporté aux textes, lesquels, simples et épurés, n’en sont que plus poétiques et sensibles : « I’ll send to you / A picture of the clouds / Quite white and blue / From here to you » (« Ciel d’ouest ») ou :  « I’ll make a wish / I’ll say it loud/ To you // I’ll see a light / Bright as a shout/ It was you // I’ll see a word/ Full of glitters / From you » (« Stargaze ») ; les « audaces » vocales bienheureuses de Louise Roam, parfois teintées d’autodérision (Cf: les distorsions dans « Mer noire » ) qui se définit avant tout comme une musicienne.
Parce que celles-ci enrichissent sa palette, donnent du relief aux mélodies et parce que sa voix, toujours éthérée mais plus affirmée que sur les EP précédents, traduit des états émotionnels intenses, on ne peut que se réjouir de l’entendre s’aventurer de ce côté là.
L’EP se termine par un morceau caché qui boucle la boucle : «Stargaze» mais en version piano-voix. Le titre n’a pas sa propre plage. Il est lié  au titre précédent.
Sensation d’atterrissage.
Après une écoute riche de mélodies pop aux accents japonisants («Ciel d’ouest »), de morceaux qui s’étirent, qui prennent leur temps («Vera Rubin’s journey »), composés de sons de l’univers, travaillés, agrégés à des sons plus électroniques et à des rythmes fluctuants, différenciés et parfois démultipliés, nous voici bel et bien sur terre. On entend alors en arrière-fond des voix, on surprend une conversation. Nous sommes comme entourés, perdus au milieu d’une foule. Le piano commence, lent et lourd comme revenu de très loin : une planète perdue au milieu d’un univers et autour de laquelle gravitent des humains non-identifiés. On pense à Orphée revenu de son voyage, seul face à lui-même, dépouillé et enrichi à la fois de sa quête. L’amour n’est–il pas aussi vaste que l’univers ? L’univers n’est-il pas, finalement, en nous-même ? Et ce voyage vers l’autre, n’est-il pas, au bout du compte, un voyage vers nous-même ? Ce dernier morceau, « squelette » du premier,  est sans aucun doute l’étoile la plus brillante de la constellation. Des restes sur lesquels poussera quelque chose de nouveau. Retour à l’essence-même de la musique. On est au cœur du cœur. Tout est mis à nu. Impossible pour la musicienne de se cacher.
La fin d’écoute nous laisse en état d’apesanteur, comme si nous avions été pris par une musique capable de suspendre le temps ; un moment de grâce comme il est nous en est rarement offert.
La prochaine étape du voyage semble annoncer un album. On a hâte d’embarquer.

Stargaze de Louise Roam
Textes et musiques: Louise Roam
Strictly Recordings
Crédit photo: Marie Magnin

Sortie: 25 Mai 2018

Concert: le 6 juin 2018 au Glaz’art
https://www.glazart.com

Facebook: https://fr-fr.facebook.com/louiseroam/
Site: http://louiseroam.com/
Deezer: https://www.deezer.com/fr/artist/7829752
Clip Stargaze: https://www.youtube.com/watch?v=hjTQXEx00Dw

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