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NOYEZ-MOI, HUBERT BOLDUC – PRIX THÉÂTRE 13 / JEUNES METTEURS EN SCÈNE

Voilà le Prix Théâtre 13 / Jeunes metteurs en scène qui s’apprête à démarrer avec une première mise en scène et un premier texte signés Hubert Bolduc. Hubert Bolduc nous vient de Québec où il est diplômé du conservatoire d’art supérieur. D’abord comédien auprès de grands metteurs en scène tel que Marie-Josée Bastien ou Lorraine Côté, il co-fonde en 2009 la compagnie « Des miettes dans la caboche » et crée de manière collective plusieurs spectacles. C’est probablement à travers ce travail de créateur et en observant d’autres metteurs en scène qu’il décide de se coller lui aussi à la mise en scène. Et c’est à Paris où il a débarqué voilà trois ans qu’il va s’y essayer. Pour cela, il s’appuie sur un texte qu’il a écrit lui-même et dont le point de départ est un fait divers dont il a été le témoin et sur sa rencontre et ses échanges avec ses comédiens. « Noyez-moi » est un spectacle qui est une réflexion sur ce à quoi l’on aspire être ; la confrontation à une mort tragique qui plonge le personnage principal dans une profonde remise en question de lui-même, de sa vie. Rendez-vous avec un jeune metteur en scène bien dans sa tête et serein.

Comment est né ce texte ?
Hubert Bolduc : « C’est une histoire qui m’est arrivée dans un immeuble où j’habitais. Je vois mon propriétaire vider l’appartement d’un voisin dont je ne connaissais rien même pas le nom ; il me dit qu’il est mort et que personne n’a réclamé le corps. Je n’ai jamais su comment il était mort mais ça m’a bouleversé. Quand je suis retourné au conservatoire le lendemain, je me demandais encore comment ça pouvait arriver de façon aussi brutale. J’avais cette idée d’écriture au départ mais ça restait coincé dans ma tête… Et un jour, je me suis dit qu’il il fallait le mettre sur papier mais comme je ne savais vraiment rien de ce voisin, que j’ai du croiser deux fois, je suis allé m’informer, chercher des sources. Et je suis tombé sur un article qui parlait de lui et alors là… Coïncidence étrange ! Dans mon texte, j’avais écris qu’il était mort dans son bain et qu’il s’appelait Albert et je découvre dans cet article qu’il est mort dans son bain et qu’il s’appelle… Albert Lany ! Je me suis dit que s’en était trop et j’ai laissé le texte de côté. En venant à Paris, l’idée m’est revenue en discutant avec mon assistante. On est partis sur un envie de création de manière générale et je me suis rendu compte en redécouvrant le texte qu’il faisait écho en moi en plein d’endroits. J’avais de quoi faire, j’ai écris en deux mois et le concours m‘a obligé à le fignoler.
Il est conçu un peu comme un scénario de film mais sans véritable forme en fait et finalement ça parle vraiment de moi, de mon errance de vie représentée par un des personnages qui se confronte à la mort d’un autre et se questionne en miroir. »

Pourquoi l’avoir mis en scène vous-même et comment s’est déroulé le passage au plateau ?
H.B :  « Au départ, je ne voulais pas faire la mise en scène de ce texte. Déjà, c’est un métier qui s’apprend avec le temps. J’avais des idées certes mais je ne voulais pas que ce soit juste ma vision, de peur de passer à côté de choses que moi-même je ne voyais pas ! Donc finalement oui, je l’ai mis en scène mais les visions de mes partenaires sont très importantes pour trouver ce que nous avons en commun, ce qui peut toucher le plus grand nombre. Comme c’est un texte éclaté avec des courtes scènes et avec des flashbacks, j’ai pensé à une structure souple et mouvante et puis j’avais l’image un tantinet clichée d’un Paris pluvieux. J’ai donc imprégné le texte et les décors de la symbolique de l’eau, de la fluidité. L’aspect cinématographique du texte m’a donné envie d’intégrer de la vidéo pour montrer des images que je ne voyais pas représentées par les acteurs sur scène. D’ailleurs avec les comédiens, c’est une discussion permanente même dans l’écriture : ils ont la liberté de pouvoir modifier du texte surtout qu’il était écrit en québécois au départ ! J’ai abouti à cette écriture grâce à eux aussi. Et j’ai l’impression que le choses se mettent en place naturellement ; ce qu’on croyait être un problème à un moment n’en est plus un quelques temps après. Evidemment, le spectacle est encore en mouvement et il le sera même après le concours mais je suis plutôt content de son état actuel. »

Que représente pour vous ce Prix Théâtre 13 ?
H.B : « Déjà pour moi, ce spectacle est un résumé de mes années à Paris, de mes rencontres, de mes angoisses. C’est un aboutissement d’un travail intime, personnel, muri en amont et un plaisir aussi. Sérieusement, l’issue du concours m’importe peu. Certes nous sommes arrivés en finale et je pense qu’il y a eu un impact positif sur le jury de pré-sélection donc ça leur a parlé, ça les a touché et c’est déjà une victoire. Et puis à l’origine, ce sont des amis qui m’ont inscrit, je ne cherchais pas nécessairement à entrer dans la lumière mais je suis heureux à l’idée d’aboutir ce projet. J’ai hâte aussi de le confronter à un public dans cette superbe salle où on se sent comme dans un cocon, chez nous. Ce qui me parle davantage c’est cette expérience d’écriture, humaine, artistique que le concours permet.»

Noyez-moi
Texte et mise en scène d’ Hubert Bolduc
Avec : Stéphane Bientz (Albert Jeune et Monsieur Martin), Emilie Bourel (Florence), Guillaume Caubel (Luc), Armel Cessa (Paul), Marion Denys (Butterfly), Carmen Ferlan (Jo Vieille), Pauline Phelix (Jo Jeune et Madame Martin), Denis Rolland (Albert Vieux)
Assistance à la mise en scène : Oriane Hooh / Décor : Daphnée Lemieux Boivin / Costumes et environnement sonore : Hubert Bolduc / Vidéo : Romain Bau / Lumières : Simon Cornevin
Mardi 14 juin et mercredi 15 juin 2016 à 20h

Théâtre 13 / Seine
30, rue du Chevaleret 75013 Paris
Métro : Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14)
Réservations : 01 45 88 62 22 ou sur www.theatre13.com

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