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DEFAITE DES MAITRES ET POSSESSEURS

En adaptant le roman de Vincent Message – Prix Orange du Livre 2016- Nicolas Kerszenbaum livre un spectacle puissant sur notre condition d’être au monde. Cette fable futuriste qui, au premier abord, raconte une histoire d’amour poignante trace les lignes d’un plaidoyer pour l’humanité et le vivre ensemble. Servi par deux comédiens époustouflants d’intensité retenue, Défaite des Maîtres et possesseurs est un des plus beaux spectacles de ce festival 2017.

Dans ce monde que le chaos a bouleversé, ce monde où il n’y a plus d’oiseaux, où les démons –êtres en tout point semblables aux hommes si ce n’est leur puissance supérieure et venus d’une autre galaxie- Iris et Malo s’aiment. Dans ce monde, asservi par les Démons, les hommes ne sont plus au sommet de la chaine alimentaire. Ils sont divisés en trois catégories : ceux qui travaillent pour les Démons, ceux qui leur tiennent compagnie et ceux qui sont abattus pour leur viande tels des animaux destinés à la consommation. Malo et Iris s’aiment. Malo est démon. Iris est humaine. Leur « rencontre » : une inspection sanitaire effectuée par Malo dans un abattoir où Iris, élevée en cage pour sa viande, réussit à fuir  cet enfer. Malo la trouve. La sauve.
Au moment où la pièce commence, Iris vient de subir une agression : son pied est salement amoché. Il faut opérer. Le risque : si l’opération ne réussit pas, elle sera euthanasiée. C’est la règle. Il ne faut pas faire souffrir un animal.

La grande force du spectacle est d’avoir su maintenir un suspens haletant du début à la fin, de parler d’un monde qui n’est pas le nôtre mais qui, indirectement, est une réflexion philosophique sur celui-ci. La temporalité, faite de flashbacks, dévoile peu à peu les tenants et aboutissants de la fable, révélant cet environnement et ses règles dans lequel évoluent les deux protagonistes. Le texte se dévoile, nous fait entendre la tragédie qui se joue sous nos yeux. Plus on avance dans l’histoire, plus le vertige nous gagne et l’émotion palpable. La mise en scène s’appuyant sur une scénographie faite de néons et sur une bande sonore aux sons à la fois urbains et organiques, tient en tout premier lieu à une direction d’acteurs absolument impeccable : d’une exigence et d’une rigueur rare. Les comédiens, Marik Renner et Nicolas Martel, dans une écoute absolue l’un vis à vis de l’autre, sont à fleur de peau, navigant entre l’émotion et la retenue sans jamais sombrer dans le pathos. C’est vraiment du grand art. On ressort bouleversé du spectacle, avec le sentiment d’avoir assister à un grand moment de théâtre ; de ceux qui laissent un goût de mystère, d’inaccessible et pourtant de profonde compréhension. Magique.

Défaite des Maîtres et Possesseurs d’après le roman de Vincent Message
Le roman est édité aux Editions du Seuil.
Adaptation et mise en scène : Nicolas Kerszenbaum
Avec Marik Renner et Nicolas Martel
Création Lumière: Nicolas Galland
Création Sonore: Guillaume Léglise
Scénographie: Blandine Drouin et Nicolas Kerszenbaum.
Crédit photo: Medhat Soody.

Du 7 au 28 juillet 2017 à 13h15 – Relâches les 10, 17 et 24 Juillet

Collège de la Salle
3 place Louis Pasteur
84000 Avignon
Durée : 1h30

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