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ÁGUA

A alma do Brasil /  L’âme du Brésil

Água fait partie des spectacles-escales de la troupe de Pina Bausch. Créée en 2001 au Brésil après trois semaines de répétitions, la pièce s’imprègne entièrement de l’essence même du pays des cariocas et de la samba et pourrait se classer parmi les spectacles les plus festifs et colorés de Pina à l’image d’un pays à l’apparence et à la musique joyeuse…

Et effectivement, dès les premières minutes d’Água, nous sommes littéralement dépaysés. Un gigantesque écran habille le sol, les côtés et le fond de la scène d’images de palmiers, de forêt tropicale, de plage ou de soleil et accompagne les frénésies des danseurs en solo ou en collectif. La musique va alors jouer un rôle prépondérant dans le déroulement de la pièce ; elle en devient même le fil conducteur comme si elle attirait sur le plateau les danseurs en les rendant ivres de danses endiablées ou les forçant à plus d’intériorité quand la musique redevient douce. Là encore, au seing de cette quête existentielle qui façonne le travail de PIna, tout se fond dans les dualités et les contradictions dont sont faits l’âme humaine.

La musique traditionnelle brésilienne s’entremêle de musique moderne ; Caetano Veloso, Gilberto Gil ou encore Nana Vasconcelos cotoie PJ Hervey, The Tiger Lillies ou Troublemakers. C’est aussi  l’une des grandes forces des chorégraphies du Tanztheater : savoir s’inspirer de traditions, de coutumes, d’un passé d’une contrée aussi riche culturellement que le Brésil et les confronter à un moment présent et brut. On est loin ici du cliché brésilien auquel PIna tord le cou en s’en amusant comme dans une scène de plage et de serviettes hilarante ! C’est une photographie vivante, mouvante qui correspond à son époque, celle de l’ère de l’image. D’ailleurs, Água est un spectacle de la dernière décennie des créations de Pina Bausch, résolument moderne et volontairement optimiste.

Car oui dans Água, le sourire ne quitte pratiquement jamais vos lèvres et se mêle même aux larmes lorsqu’une magnifique bossa nova enveloppe des solos à la sensibilité tendre. L’humour est omniprésent dans chaque geste absurde et inattendu, dans les quelques phrases que prononcent des danseuses avec toujours cet aplomb si naturel et évident.

Água transpire de générosité, de cette chaleur tropicale et humaine, enflamme des instants de vie et touche directement au coeur.
Et lorsque cette fièvre brésilienne contamine le spectateur, que la cadence s’accélère, que le rythme se dédouble, se triple, se démultiplie comme une montée en puissance de tambours brésiliens, c’est l’eau qui arrive, pure et salvatrice, avec laquelle vont jouer les danseurs comme de grands enfants enfin comblés.

L’eau des chutes d’Iguazù, celle qui abreuve et donne de l’espoir, celle qui coule sans discontinuer mais qui ne peut étancher cette éternelle soif de vie que Pina et le Tanztheater savent si bien partager avec leur public. Água est un voyage inoubliable, onirique, sensuel et l’une des plus belles preuves d’amour artistique qu’on puisse donner au Brésil…

Água
Par la Tanztheater Wuppertal Cie
Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch
Avec les danseurs du Tanztheater Wuppertal.
Décor : Peter Pabst / Costumes : Marion Cito / Collaboration musicale : Matthias Burkert et Andreas Eisenschneider
Jusqu’au 15 mai 2016
Du mardi au jeudi à 20h30 / Le samedi à 20h30 / Le dimanche à 17h

Théâtre de la Ville
2, place du Châtelet Paris 1er
Métro : Châtelet (ligne 1 ou 4)
Réservations : 01 42 74 22 77 ou www.theatredelaville-paris.com
© Oliver Look

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