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LA CLÉ DE GAÏA

Ce que l’on porte en nous…

Il est des spectacles comme des petits bijoux scintillants qui vous éclairent et vous illuminent par leur sincérité et leur lumière bénéfique. La clé de Gaia en fait partie. Au départ de l’aventure, des  souvenirs d’enfance de la comédienne et chanteuse Lina Lamara dans lesquels elle puise, interrogeant son passé comme pour mieux comprendre le présent. Elle incarne alors elle-même cette petite fille, Gaïa, qui grandit à Lyon, curieuse et prête à s’ouvrir au monde. Et pour l’y aider, une figure de la famille va jouer un rôle essentiel : c’est Mouima, sa grand-mère, personnage haut en couleurs qui ne mâche pas ses mots et qui en voulant guider Gaïa vers ce qu’elle croit être le droit chemin va finalement révéler ses propres failles, ses secrets et ses regrets de son histoire en Algérie…

La bonne idée de ce spectacle enchanteur est d’avoir d’une part fait croiser le récit de Gaïa avec celui d’un conteur voyageur qui amène une autre vision de l’homme en quête de son identité et surtout d’avoir parsemé l’histoire qui se raconte de chants et de musique comme un écho sensible au destin de Gaïa. Le spectateur est prêt alors au voyage. Sous une tente berbère où on pourrait presque sentir l’odeur du thé et qui nous convie à la confidence et à la complicité, les puzzles de ce lien invisible qui nous unit à nos racines vont pouvoir petit à petit se mettre en place.

D’abord parce que Lina Lamara est d’une incroyable générosité dans son jeu. En s’adressant directement au public, elle va revêtir successivement la peau de Gaïa, de la grand-mère et aussi de la douce et discrète mère avec une habileté jouissive qui nous procure un réel plaisir à voir. Elle est à la fois touchante et drôle, pudique et exhibitionniste, tendre et survoltée ! On tend alors l’oreille avec délectation pour entendre les confidences chuchotées et on rit avec bonheur aux situations rocambolesques comme l’épisode du hammam ou la vision que Mouima a des garçons : « Les garçons c’est comme un oignon, plus tu t’en approches, plus tu pleures ! » dira la grand-mère.

Ensuite parce que derrière le rire, il y a aussi la poésie omniprésente qui ne fait jamais oublier que c’est après son identité que court Gaïa, vers une introspection de soi. Tandis que le voyageur conte son drame comme si c’était celui de l’humanité, parle d’un temps où la fraternité régnait avant que le division n’apparaisse, Gaïa, devenant une femme, parle des son être avec une extraordinaire émotion. Une émotion qui se décuple lorsque Lina Lamara se met à chanter.

Comme la musique adoucit les moeurs, la sienne nous atteint en plein coeur comme si son épopée familiale et les leçons qu’elle en a tiré se métamorphosaient en mélopées enivrantes pour mieux nous dire l’essentiel : chercher et croire en nous-même pour continuer à avancer sans oublier les autres sur le chemin. En ces temps troublés, on ne peut qu’être en empathie totale avec ce spectacle empreint d’espoir et d’humanité.

Gaïa a trouvé sa clé, il ne vous reste plus qu’à trouver la vôtre.
Pour cela, il vous faudra pousser la porte du Studio Hébertot et en sortant du spectacle, vous trouverez peut-être votre réponse…

La clé de Gaïa
Conte musical de Lina Lamara
Mise en scène : Cristos Mitropoulos
Avec : Pierre Delaup, Lina Lamara, Marc Ruchmann
Jusqu’au 1er mai 2016
Le samedi à 17h et le dimanche à 19h

Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris
Métro : Rome (ligne 2)
Réservations :  01 42 93 13 04 ou sur place
Site du théâtre : www.studiohebertot.com
© Xavier Bujon

          

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