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CAUBÈRE À L’ATHÉNÉE

Ferdinand n’a pas vieilli…

Lorsque l’acteur, désormais mythique, Philippe Caubère remet un pied sur la scène c’est forcément un événement. Et un événement de taille : redonner pendant un mois et demi La Danse du Diable, son premier et incroyable seul en scène et Le Bac 68, la réinvention de l’un des épisodes de L’homme qui danse. Il choisit de remonter sur la scène du beau théâtre de l’Athénée qui lui a souvent porté bonheur et qui sort tout juste de sa rénovation flamboyante. Dans son sillage, il embarque Clémence Massart, l’une de ses inspiratrices, ex-compagne de vie et toujours de route du comédien, qui rejoue quand à elle L’ Asticot de Shakespeare, dans la toute nouvelle salle haut perchée de l’Athénée.

Commençons par la dame comme il se doit. C’est en reprenant et en s’appropriant des textes et des poèmes pour la plus part célèbres et évoquant tous la mort que Clémence Massart amuse son public. Et elle s’amuse, elle aussi, sur scène, asticotant la grande faucheuse grâce à son indéniable énergie joyeuse. Dans une succession de scénettes, elle devient tour à tour personnage shakespearien (avec l’accent s’il vous plait ), Sacha Guitry disant du Baudelaire, Giono, ou même Caubère ! Elle est au propre comme au figuré, un ver (solitaire !) récitant des vers ! Et c’est Philippe Caubère qui la met en scène…

Dans La Danse du Diable, ce dernier ou plutôt son avatar, Ferdinand Faure convoque les esprits vivants : sa mère d’abord,  le fil d’Ariane de beaucoup d’épisodes, Madame Colomer (la bonne), les gonzes de Marseille ou encore sa première professeure de théâtre. Tous ces personnages que l’enfant du Soleil campe magistralement avec un rien (juste la fameuse écharpe pour la mère), sont les points d’ancrage du jeune Ferdinand Faure qui cherche sa voie et tente de tracer sa route malgré une mère envahissante et parfois moralisatrice.
Il s’invente un monde où il côtoie De Gaulle, Sartre ou Johnny Hallyday avant de quitter enfin sa chambre pour affronter la vie…
Il y a déjà ici la magie de l’acteur à faire rire des situations même les plus dramatiques et surtout, en filigrane, il y a les thèmes essentiels de l’écriture de Caubère qui se déclineront dans nombre de ses seuls en scènes.

Le Bac 68 en est un exemple car si dans La Danse du diable le bac est évoqué, c’est ici le noyau du spectacle qui confronte un Ferdinand attiré par l’agitation politique estudiantine à une mère qui pousse coûte que coûte son fils à avoir le bac ! Là encore, Caubère s’amuse des situations et nous gratifie d’un oral de géographie sur la Sibérie absolument mémorable et à mourir littéralement de rire ! La Sibérie, encore un fil qui se tire comme tant d’autres pour former les puzzles ingénieux de toute une écriture fine et sensible.

Alors autant ne pas tourner autour du pot : oui, Philippe Caubère à plus de soixante ans est toujours un génie, oui il a encore la vigueur et l’abattage d’un jeune homme ! Peut-être parce que comme il le dit très bien, il n’évoque pas vraiment sa vie mais plutôt sa jeunesse.
Oui, il est plus que présent sur le plateau, crachant les mots comme le plus doué des bonimenteurs, se mouvant comme la bête de scène infatigable qu’il est et réussissant à réenchanter les plus vieux qui connaissent son travail par cœur comme la jeune génération qui découvre tout le talent d’un monstre sacré.

Alors précipitez-vous au Théâtre de l’Athénée pour voir le génie à l’oeuvre, frémir pour les aventures de Ferdinand qui dans le fond sont aussi les nôtres. C’est du théâtre dans son essence, c’est l’acteur dans sa nudité, c’est tout simplement enivrant. Et si le cœur vous en dit, passez voir Clémence et ses vers tout en haut ! Caubère à l’Athénée, un événement à ne vraiment pas manquer !

Caubère à l’Athénée

La Danse du diable
Histoire comique et fantastique écrite, mise en scène et jouée par Philippe Caubère après avoir été improvisée devant Jean-Pierre Tailhade, Clémence Massart / Lumières : Claire Charliot / Son : Mathieu Faedda / Styliste : Christine Lombard
Jusqu’au 20 novembre 2016
Dates et horaires sur www.athenee-theatre.com

Le Bac 68
Comedie française écrite, mise en scène et jouée par Philippe Caubère après avoir été improvisée devant Jean-Pierre Tailhade, Clémence Massart / Lumières : Claire Charliot / Son : Mathieu Faedda / Styliste : Christine Lombard
Jusqu’au 19 novembre 2016
Dates et horaires sur www.athenee-theatre.com

L’ Asticot de Shakespeare
Textes: Shakespeare, Baudelaire, Giono, Jankélévitch, Caubère, Caussimon, Joe Cunningham, Clémence Massart
Créé et interprété par Clémence Massart
Mise en scène : Philippe Caubère
S
ervante de scène et accessoiriste : Marie Charpentier /  Lumières : Camille Sisque / Artifices : Margot Auzier / Costumes : Sophie Lascelles et Verasri Treethara dite « tera » / Marionnette et nez : Freddie Hayter / Décors : Un point trois
Jusqu’au 20 novembre 2016
Dates et horaires sur www.athenee-theatre.com

Théâtre de l’Athénée
Square de l’Opéra Louis-Jouvet – 7 rue Boudreau – Paris 9ème
Métro : Opéra (lignes 3, 7 et 8), Havre-Caumartin (ligne 3 et 9) ou RER A (Auber)
Réservations : 01 53 05 19 19 ou sur www.athenee-theatre.com
Crédit photo : Michèle Laurent

 

 

 

 

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