Transcendant…

Sankai Juku, compagnie de danse japonaise, pourrait être à l’Asie ce que le Tanztheater de Pina Bausch est à l’Europe, une compagnie au style unique et inimitable. Une compagnie qui vient de fêter ses 40 ans toujours avec son chorégraphe, danseur et concepteur emblématique Ushio Amagatsu.De retour au Théâtre de la Ville, Sankai Juku présente son nouvel opus, différent des précédents avec la volonté de plus de mouvements, plus de rythme dans les danses tout en gardant leur essence  immuable qu’est le butô. Cette fois-ci, c’est une « exubérance marine, une tranquillité terrestre », comme le sous-titre l’indique, qui nous est proposée mêlant les 4 éléments dans une suite de sept tableaux. Rien d’étonnant pour une compagnie dont le nom signifie « l’atelier de la montagne et de la mer » !

Et dès les premiers instants, on plonge dans l’univers poétique et mystique de Sankai Juku. il y a les repères habituels : les danseurs drapés de leurs longues jupes couleur sable, souvent torse nus, le crâne rasé et les visages fardés. Mais avec surtout cette incroyable manière d’apparaître sur le plateau comme s’ils venaient d’un autre monde, d’une autre galaxie. Sur le fond de scène un mur presque vivant comme un végétal et sur les côtés deux couloirs au sol délimitent l’espace central.

Durant une heure et demie, on est comme fascinés, hypnotisés par la beauté des gestes, l’intensité des visages que rien ne peut perturber. On a l’impression de découvrir un tableau abstrait en mouvement. Il ne faut pas tenter forcément de comprendre ce que nous montre Sankai Juku, il faut se laisser porter comme dans un souffle fantastique et alors on se met à ressentir les choses de l’intérieur au fur et à mesure que les corps se tordent, exultent ou glissent. Il y a quelque chose de la genèse du monde dans Meguri comme une naissance : la découverte de la vie, de la solitude et des autres.

Et puis nous sommes réellement hors du temps, sur un autre planète, une autre dimension. Rien ne nous relie à notre ère contemporaine. Chez Sankai Juku, on vogue sur une mer de spiritualité quasi ancestrale, on vole sur un nuage de mysticisme et les 4 éléments apparaissent comme les piliers de l’existence humaine loin, très loin de nos considérations matérielles. C’est beau, c’est très beau de voir les danseurs au diapason, sans âge, sans sexe, nous offrir non pas un spectacle mais un cadeau presque divin. « Une fois données, nos représentations appartiennent au public » nous dit Ushio Amagatsu.
Et même les saluts sont sublimes. Une traversée transcendante et inoubliable…

Meguri
Par la compagnie Sankai Juku
Mise en scène, chorégraphie et conception : Ushio Amagatsu
Avec : Ushio Amagatsu, Semimaru, Toru Iwashita, Sho Takeuchi, Akihito Ichihara, Dai Matsuoka, Norihito Ishii, Shunsuke Momoki / Musiques :Takashi Kako , Yas-Kaz, Yoichiro Yoshikawa / Réalosation mur du fond : Roski / Coordination technique : Tsubasa Yamashita / Plateau : Keizuke Watanabe / Lumière : Satoro Suzuki, Genta Imamura / Son : Akira Aikawa
Jusqu’au 2 juillet 2016
Du mardi au samedi à 20h30  / Le dimanche à 17h

Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet  Paris 4
Métro : Châtelet (ligne 4 ou 1)
Réservations : 01 4 2 74 22 77 ou www.theatredelaville-paris.com
Crédit photo : Sankai Juku