UNE CHAMBRE A ROME -

Compagnie Querelle -
Texte, mise en scène : Sarah Capony -
Scénographie : Perrine Leclere Bailly -
Costumes : Janina Ryba -
Lumières : Nicolas Simonin -
Avec :
Quentin Baillot -
Sarah Capony - 
Erwan Daouphars - 
Marie Denarnaud -
Pauline Moulène -
Anthony Paliotti -

Lieu : Théâtre Romain Rolland - scène conventionnée de Villejuif et du Val de Bièvre -
Ville : Villejuif -
Le 07 01 2017 -
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

UNE CHAMBRE À ROME

Nous nous sommes tant aimés.

Il est des spectacles qu’on aurait aimé avoir écrit, qu’on aurait voulu mettre en scène, qu’on souhaiterait jouer. Une chambre à Rome est de ceux là. Il donne envie. Pour son second projet, Sarah Capony signe un texte et une mise en scène tout en délicatesse, passant au crible des vies ordinaires ; celles de petites gens qui, malgré les blessures et les pierres qui les font trébucher sur leur chemin, continuent à avancer la tête haute. Six personnages hauts en couleurs qui se croisent, se rencontrent, se ratent. Six personnages incarnés par une troupe de comédiens formidables et profondément humains.

Léonard est comédien. Il joue les dernières représentations d’« Une chambre à Rome » dans le petit théâtre d’un quartier sans âme. Avec lui, ses collègues : Jeanne, Pierrot et Samuel. Tous courent le cacheton. Tous rêvent de gloire. Les fins de mois sont difficiles, ce qui ne rend pas la vie facile et transforme les rêves en regrets.
Léonard a une femme. Quand il rentre chez lui, celle-ci l’attend, déguisée. Chaque soir, elle se travestit en un personnage de film, invitant son homme à entrer dans son jeu pour ainsi pimenter sa vie de couple devenue -on le suppose- plate.
En face du petit théâtre du quartier sans âme, il y a un bar. Dans ce bar, travaille Angèle. Une fille simple, romantique qui, elle aussi, rêve d’une autre vie. Angèle est mariée à un homme qui a perdu son travail et qui, depuis, se laisse aller.
Tout ce beau monde est intimement lié. Tous vont se croiser et confronter leurs désirs et leurs résignations.

Une mise en scène pleine de fantaisie et de profondeur

Une chambre à Rome est un spectacle terriblement beau. Parce qu’il touche à la désillusion et à l’insignifiance. Comme chez Tchekhov, les situations font écho à nos rêves inaccomplis et à cet espoir indestructible -celui qui nous fait tenir debout- qu’un jour, oui, un jour, on y arrivera… Mais la vérité n’est pas là. La vérité se trouve dans les exploits du quotidien. Tout comme le bonheur. Lorsqu’elle parle de sa mère, Jeanne -la comédienne- nous dit que celle-ci trouvait de la satisfaction dans un rien et qu’elle en était heureuse. Oui mais voilà : Jeanne ne se contente de rien. A force de regarder ailleurs, on ne voit pas ce qui est sous nos yeux et on rate l’essentiel. Léonard, lui, verra cet essentiel, son amour en la personne d’Angèle. Mais il fera un autre choix. Dans la scène finale –sublime et bouleversante- entre sa femme et lui, tout est dit : il n’est pas question d’une quelconque résignation, mais seulement de faire du beau avec ce qu’on a. Sans doute est-ce la clé. Sans doute que le véritable héroïsme se trouve à cet endroit. Et peut-être aussi que les plus belles histoires d’amour ne sont pas celles que l’on vit ou qu’on a vécu, mais celles qu’on eu pu vivre. Cela ne va pas sans regrets. Ni sans panache.
Et quel panache ! Plongés dans les références cinématographiques – on pourra reconnaître un certain nombre de films italiens comme La Vie est belle, Une journée particulière, La Dolce Vita, mais aussi un clin d’œil à Paris-Texas– les comédiens s’amusent à coller à ces modèles ou au contraire à s’en détacher. Tous sont formidables. A commencer par Quentin Baillot dans le rôle de Léonard : à la fois tendre et pathétique, drôle et misérable ; Marie Denarnaud dans le rôle de Jeanne : reine déchue, proche d’une Geena Rowland, de plus en plus sublime et sensuelle à mesure qu’on découvre ses failles et sa « laideur » ; Erwan Daouphars : en époux au bout du rouleau, désarmant d’humanité, Anthony Paliotti : tellement juste, sensible et drôle en amoureux éconduit, Pauline Moulène : stupéfiante de finesse dans le rôle de cette femme qui s’ennuie, et puis Sarah Capony : dans le rôle d’Angèle la rêveuse, trop lucide pour ne pas essayer d’être heureuse.
La mise en scène, quant à elle, est parfaitement maîtrisée jouant sur la double lecture du théâtre dans le théâtre, le morcellement et l’instantané de l’écriture. La scénographie est simple et belle, accompagnée par des lumières splendides parce que discrètes, qui servent de façon pertinente le propos.
Légère et profonde, nous faisant passer du rire aux larmes avec une pudeur et une retenue qui confèrent l’élégance, Une Chambre à Rome est une merveille de sensibilité, d’intelligence et de fantaisie.

Une Chambre à Rome
Texte et mise en scène : Sarah Capony

Avec Quentin Baillot, Sarah Capony, Erwan Daouphars, Marie Denarnaud, Pauline Moulène, Anthony Paliotti.
Scénographie : Perrine Leclere-Bailly
Lumières : Nicolas Simonin.
Crédit photo: C. Reynaud Delage

Du 19 au 30 Janvier 2017
Jeudi et vendredi à 20h30
Samedi et lundi à 19h
Dimanche à 16h

Théâtre Romain Rolland
18 rue Eugène Varlin
94800 Villejuif (M° Ligne7. Arrêt Paul Vaillant Couturier)
Réservation : 01 49 58 17 00

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